Le point d'interrogation est imposé par la déontologie... Mais qu'un personnage tel que Donald Trump se soit imposé comme candidat du parti Républicain en dit long sur la dérive de cette formation historique, qui fut le parti de Lincoln! Trump est un bateleur n'ayant jamais exercé de mandat politique, une caricature du populisme, gênante même pour la famille Bush! Qu'il puisse s'identifier au courant protectionniste, qui a le vent en poupe, est le seul élément intéressant. Un milliardaire candidat des "petites gens", voilà qui est à mourir de rire.
Et cependant, le malaise de la société est aussi évident aux Etats-Unis qu'en Europe. S'il ne s'agissait que de terrorisme, dans un pays où le commerce des armes, totalement libre, permet de s'en servir comme à une fête foraine! Mais sous toutes les longitudes, l'avenir se présente vaseux, sans promesse. Croissance en berne, taux d'intérêts proches de zéro, petits emplois mal payés... La couche inférieure de la classe moyenne américaine risque de se "trumpiser", face à une candidate qui représente, elle, l'establishment .
Traits archaïques du système politique américain
Car les Clinton peuvent difficilement être dissociés de Wall Street, il suffit d'évoquer la présidence de Bill Clinton, qui achève le siècle dernier, pour s'en persuader... C'est l'époque où fut abrogé le Glass Steagall Act de 1933, qui séparait légalement du crédit les activités affairistes!
Avec l'entrée en scène de Bernie Sanders lors de la campagne pour l'investiture du parti Démocrate, quelque chose avait réellement changé. Le sénateur du Vermont portait les couleurs de la gauche américaine. Il ne l'emporta pas.
Il aurait pu se présenter à la présidence, mais sans aucune chance d'y parvenir. Le système politique américain n'est pas seulement bipartisan, il est d'abord basé sur les Etats. Le président n'est pas élu directement, mais au second degré par un collège électoral. Le candidat arrivé en tête dans un Etat emporte tous les votes de cet Etat, peu importe par quelle majorité. Il est même arrivé, ainsi en 1888 dans le duel Cleveland-Harrison, qu'un président soit élu avec une minorité du vote populaire!
Le mode de sélection des candidats découle d'un système archaïque, avec des élections primaires de plusieurs sortes, caucus ouverts ou fermés. Et on sait que les conventions qui les proposent au suffrage ressemblent à des shows à grand spectacle. Un Sanders n'aurait pu aller plus loin sans diviser gravement le parti Démocrate. En pratique, l'élection présidentielle se joue dans un petit nombre d'Etats, ainsi de l'Ohio.
L'incontournable...
Hillary Clinton n'est pas une candidate très populaire, mais elle est incontournable. Sa force résiste dans le réservoir de voix dont elle dispose chez les femmes et dans les minorités: les Noirs, les latino-américains, les minorités en général...Tout indique que les dirigeants du parti républicain ont déjà fait leur deuil de la présidence. Ne parlons pas des sondages, dans un pays où il faut se faire enregistrer comme électeur... Rappelons que le Congrès se renouvelle tous les deux ans, mais le Sénat par tiers.
La supposée future présidente est une politicienne de haut vol, toujours habile à s'adapter aux courants dominants. Elle sait que les traités de libre échange transcontinentaux suscitent toujours plus la critique. Pour ce qui est de la scène internationale, cependant, elle garde une solide réputation d'interventionnisme, et son désaccord avec Obama sur la question syrienne est notoire. Qu'aurait-t-elle fait?
Robert Falony - 1 septembre 2016
Cette lettre mensuelle parait sur blog http://osons.le.socialisme.over-blog.com