Le gouvernement semble manifestement avoir toujours plus de difficulté à boucler ses conclaves budgétaires. Cette fois, il s'agissait de combler un trou de 4,2 milliards d'euros (devenu 2,9 milliards à la fin des discussions) pour l'année prochaine.
La règle suivie est encore la même : il s'agit essentiellement de désigner les postes budgétaires où des économies pourraient être réalisées. Le premier secteur visé est encore celui de la sécurité sociale avec une ponction d'1,4 milliard d'euros alors que 400 millions lui avaient déjà été retirés l'année dernière !
Malgré ces difficultés budgétaires et les exercices comptables toujours plus périlleux de notre gouvernement, celui-ci continue d'envisager de très lourds investissements dans la Défense. Fin de l'année dernière en effet, le gouvernement fédéral a approuvé un plan d'investissement de 9,2 milliards d'euros pour de nouveaux équipements militaires, dont 34 nouveaux avions chasseurs-bombardiers dont la seule acquisition est estimée à 3,6 milliards d'euros - chiffre très largement sous-estimé vu les multiples exemples étrangers. Une fois que ces avions seront arrivés, il s'agira de rembourser l'emprunt, mais également de prévoir l'entretien des avions et la formation des pilotes. Au minimum 375 millions par an. Le gouvernement a l'intention de finaliser l'acquisition et de signer le contrat avant la fin de cette législature. Aux prochains gouvernements de se dépatouiller avec ces nouvelles données budgétaires.
Au début de cette année, Bart De Wever déclarait lui aussi que des coupes pouvaient encore être opérées dans la sécurité sociale afin de dégager des ressources supplémentaires pour la sécurité. Sécurité vs sécurité sociale ? L'Organisation des Nations unies a publié fin 2015 un plan pour la prévention de l'extrémisme et du terrorisme. Salué par notre gouvernement, ce plan appelle à lutter contre le manque d'éducation, la pauvreté et le chômage, la marginalisation et la discrimination, la corruption, la mauvaise gouvernance, etc. La sécurité par la sécurité sociale. La sécurité sociale comme voie nécessaire et prioritaire pour la sécurité. Malgré cela, le gouvernement opte manifestement pour de gros investissements dans des équipements qui sèment la mort et la destruction, et réduisent toujours plus les moyens des secteurs où l'on peut sauver des vies et améliorer le quotidien des citoyens. L'été dernier, l'UNICEF tirait la sonnette d'alarme sur le niveau de la pauvreté infantile dans la capitale belge. Quatre enfants sur dix y vivent dans la pauvreté ! Dans les recherches sur le terreau de la radicalisation des jeunes, ces statistiques ne sont probablement pas à négliger. La Secrétaire d'État Elke Sleurs, en charge de la lutte contre la pauvreté, se vantait l'année dernière d'avoir dégagé 4,5 millions d'euros supplémentaires pour lutter contre la pauvreté des enfants. Une part ridicule des 375 millions que le gouvernement s'apprête à débourser pour les nouveaux avions de combat chacune des 40 prochaines années.
Il est cynique de constater que les ressources libérées par les coupes successives dans la sécurité sociale puissent notamment servir à investir dans de l'équipement militaire utilisé dans des opérations de combat qui n'ont apporté que davantage de violence dans les pays qui en ont été victimes, à l'image du chaos en Afghanistan ou en Libye organisé avec le concours des avions de combat de la Belgique. Un chaos qui rend d'autant plus difficile la recherche d'une solution politique. Il en va de même pour la Syrie et l'Irak où la Belgique opère actuellement des frappes aériennes au sein d'une coalition internationale à l'intérieur de laquelle notre pays figure parmi les moins transparents dans la communication des actions militaires menées (même l'Arabie saoudite obtient des meilleurs scores de transparence). D'après le Général-Major Vansina, chef de la force aérienne belge, la Belgique y a organisé 105 sorties, dont 44% étaient "cinétiques", avec emploi de la force. Reste à croire sur parole le militaire qui affirme que les bombardements belges sont "efficaces à 100%" et que la Belgique n'a causé "aucun dommage collatéral". La coalition internationale en tout cas, d'après des données recueillies par Airwars.org, est responsable de la mort d'au moins 1.612 civils ces deux dernières années. Plus de deux décès par jour. Impossible d'identifier les responsabilités de la Belgique.
La volonté du gouvernement de se procurer 34 nouveaux avions chasseurs-bombardiers constitue une menace directe pour notre sécurité. Ici et à l'étranger, les besoins humanitaires prioritaires sont inversement proportionnels aux moyens qui y sont alloués. Des moyens qui existent pourtant manifestement. Nous appelons le gouvernement à revoir ses priorités et à cesser d'investir dans la guerre, mais dans une véritable sécurité humaine.
Ludo De Brabander (Vrede vzw) et Samuel Legros (CNAPD) (secrétaires de la plateforme Pas d'avions de chasse - geen gevechtsvliegtuigen) - 26 octobre 2016
Budget : dégagez les moyens pour une véritable sécurité
Le gouvernement semble manifestement avoir toujours plus de difficulté à boucler ses conclaves budgétaires. Cette fois, il s'agissait de combler un trou de 4,2 milliards d'euros (devenu 2,9 milliards à la fin des discussions) pour l'année prochaine.
La règle suivie est encore la même : il s'agit essentiellement de désigner les postes budgétaires où des économies pourraient être réalisées. Le premier secteur visé est encore celui de la sécurité sociale avec une ponction d'1,4 milliard d'euros alors que 400 millions lui avaient déjà été retirés l'année dernière !
Malgré ces difficultés budgétaires et les exercices comptables toujours plus périlleux de notre gouvernement, celui-ci continue d'envisager de très lourds investissements dans la Défense. Fin de l'année dernière en effet, le gouvernement fédéral a approuvé un plan d'investissement de 9,2 milliards d'euros pour de nouveaux équipements militaires, dont 34 nouveaux avions chasseurs-bombardiers dont la seule acquisition est estimée à 3,6 milliards d'euros - chiffre très largement sous-estimé vu les multiples exemples étrangers. Une fois que ces avions seront arrivés, il s'agira de rembourser l'emprunt, mais également de prévoir l'entretien des avions et la formation des pilotes. Au minimum 375 millions par an. Le gouvernement a l'intention de finaliser l'acquisition et de signer le contrat avant la fin de cette législature. Aux prochains gouvernements de se dépatouiller avec ces nouvelles données budgétaires.
Au début de cette année, Bart De Wever déclarait lui aussi que des coupes pouvaient encore être opérées dans la sécurité sociale afin de dégager des ressources supplémentaires pour la sécurité. Sécurité vs sécurité sociale ? L'Organisation des Nations unies a publié fin 2015 un plan pour la prévention de l'extrémisme et du terrorisme. Salué par notre gouvernement, ce plan appelle à lutter contre le manque d'éducation, la pauvreté et le chômage, la marginalisation et la discrimination, la corruption, la mauvaise gouvernance, etc. La sécurité par la sécurité sociale. La sécurité sociale comme voie nécessaire et prioritaire pour la sécurité. Malgré cela, le gouvernement opte manifestement pour de gros investissements dans des équipements qui sèment la mort et la destruction, et réduisent toujours plus les moyens des secteurs où l'on peut sauver des vies et améliorer le quotidien des citoyens. L'été dernier, l'UNICEF tirait la sonnette d'alarme sur le niveau de la pauvreté infantile dans la capitale belge. Quatre enfants sur dix y vivent dans la pauvreté ! Dans les recherches sur le terreau de la radicalisation des jeunes, ces statistiques ne sont probablement pas à négliger. La Secrétaire d'État Elke Sleurs, en charge de la lutte contre la pauvreté, se vantait l'année dernière d'avoir dégagé 4,5 millions d'euros supplémentaires pour lutter contre la pauvreté des enfants. Une part ridicule des 375 millions que le gouvernement s'apprête à débourser pour les nouveaux avions de combat chacune des 40 prochaines années.
Il est cynique de constater que les ressources libérées par les coupes successives dans la sécurité sociale puissent notamment servir à investir dans de l'équipement militaire utilisé dans des opérations de combat qui n'ont apporté que davantage de violence dans les pays qui en ont été victimes, à l'image du chaos en Afghanistan ou en Libye organisé avec le concours des avions de combat de la Belgique. Un chaos qui rend d'autant plus difficile la recherche d'une solution politique. Il en va de même pour la Syrie et l'Irak où la Belgique opère actuellement des frappes aériennes au sein d'une coalition internationale à l'intérieur de laquelle notre pays figure parmi les moins transparents dans la communication des actions militaires menées (même l'Arabie saoudite obtient des meilleurs scores de transparence). D'après le Général-Major Vansina, chef de la force aérienne belge, la Belgique y a organisé 105 sorties, dont 44% étaient "cinétiques", avec emploi de la force. Reste à croire sur parole le militaire qui affirme que les bombardements belges sont "efficaces à 100%" et que la Belgique n'a causé "aucun dommage collatéral". La coalition internationale en tout cas, d'après des données recueillies par Airwars.org, est responsable de la mort d'au moins 1.612 civils ces deux dernières années. Plus de deux décès par jour. Impossible d'identifier les responsabilités de la Belgique.
La volonté du gouvernement de se procurer 34 nouveaux avions chasseurs-bombardiers constitue une menace directe pour notre sécurité. Ici et à l'étranger, les besoins humanitaires prioritaires sont inversement proportionnels aux moyens qui y sont alloués. Des moyens qui existent pourtant manifestement. Nous appelons le gouvernement à revoir ses priorités et à cesser d'investir dans la guerre, mais dans une véritable sécurité humaine.
Ludo De Brabander (Vrede vzw) et Samuel Legros (CNAPD), secrétaires de la plateforme "Pas d'avions de chasse - geen gevechtsvliegtuigen "