Pendant des décennies, les idéologues libéraux ont célébré la mondialisation capitaliste. Elle allait résoudre tous les problèmes, générer la prospérité. De nos jours, le désenchantement est tel que, par un violent effet de ressac, les masses populaires sont tentées par un retour aux vieilles illusions nationalistes, à l'instigation des forces d'extrême-droite adeptes du "Chacun chez soi, chacun pour soi". Le mur de Berlin était jadis une honte. Aujourd'hui, l'idéologie des murs a ses adeptes, Donald Trump en tête.
Le "Brexit" n'est pas autre chose que le retour en force du nationalisme britannique incarné par Theresa May. Certes, l'Europe des Juncker et consorts est celle de la haute finance et des entreprises multinationales, pas celle des peuples. Mais rien ne justifie qu'à partir de ce constat, on veuille en revenir aux vieilles recettes nationalistes, celles qui ont produit deux guerres mondiales... L'indépendance nationale que Theresa May revendique, elle la refuse à l'Ecosse. Et, tétanisé par un "populisme" de mauvais aloi, le Labour party est quasiment inaudible sur la question.
1917-2017: l'énigme russe
Par une singulière ironie de l'Histoire, c'est un pur produit du système stalinien, Vladimir Poutine, qui est devenu le porte-drapeau de ce néonationalisme. Il fascine l'extrême-droite, Marine Le Pen court à Moscou y chercher de l'inspiration. Les anticommunistes primaires d'antan ont trouvé en ce nouveau tsar un modèle valable à l'exportation.
Un siècle après les deux révolutions russes de 1917, la Russie officielle n'a pas grand 'chose à dire à ce sujet: pour Poutine, toute révolte contre l'autorité qualifiée de légitime est à proscrire. On rappellera simplement ici que la Russie n'a jamais connu un régime de démocratie bourgeoise. Du vivant de Lénine encore, la vieille bureaucratie avait repris le contrôle du pouvoir politique, faisant surgir tout naturellement la dictature stalinienne. Le "pouvoir" est toujours l'expression de la société.
Et cependant, malgré "la Révolution trahie", malgré le dévoiement du socialisme, le régime de l'URSS représentait un "autre chose", une sorte de contrepoids au système capitaliste, lequel a disparu.
France: le péril Marine Le Pen.
Si le corps électoral hollandais a tenu Geert Wilders à distance, les échéances électorales française demeurent très critiques. Marine Le Pen incarne le nationalisme virulent, une xénophobie latente, l'imposture du discours adressé aux couches populaires, le "national socialisme", on connaît. (Son père avait au moins le mérite de ne pas faire preuve d'hypocrisie ...). Ses troupes ne rêvent que de pogromes..
Face à elle, un front hétéroclite: François Fillon traîne ses casseroles. Emmanuel Macron , qui n'est "ni de gauche ni de droite", reste un objet un objet volant non identifié, mais assurément connecté au monde bancaire. A gauche, Mélenchon a le mérite du discours, mais est affecté par un gros défaut: un égo qui le rend incapable de nouer des alliances en vue d'un front de gauche à direction collective, il ignore quasiment le parti communiste. Il joue en solo, rendant encore plus difficile la position de Benoit Hamon, tandis que le "socialiste" Valls joue sans vergogne la carte Macron, dès le premier tour de la présidentielle.
Il est quasi certain que Marine Le Pen figurera au second tour. Face à qui? Le jeu relève de la loterie...
Robert Falony ( 1.4.2017).
Source : blog: http://osons.le.socialisme.over-blog.com