Danielle Mitterrand rapporta dans ses mémoires un entretien avec son mari, le président François Mitterrand, où elle lui posa la question fondamentale.
« Pourquoi maintenant que tu es au pouvoir ne fais-tu pas ce que tu avais promis ? Il me répondit qu'il n'avait pas le pouvoir d'affronter la banque mondiale, le capitalisme, le néolibéralisme. Qu'il avait gagné un gouvernement mais non pas le pouvoir. J'appris ainsi qu'être le gouvernement, être le président ne sert pas à grand-chose dans ces sociétés sujettes au capitalisme. »
On pourrait poser une autre question : pourquoi François Mitterrand étant informé de cet état des choses du monde, a-t-il promis le changement ? Pour la gloire dérisoire de diriger un gouvernement fantoche ? The awnser is blowing in the wind...
On pourrait encore poser une autre question : est-on contraint de subir éternellement le fameux TINA thatchérien ? N'y a-t-il donc aucune possibilité pour les peuples de modifier le cours des choses ? Faut-il laisser une oligarchie minoritaire régenter le monde dans son seul intérêt ? N'est-ce pas là le véritable enjeu ?
En corollaire, les « politiques » disposent-ils d'un pouvoir réel pour « changer les choses » ? A quoi sert donc toute l'agitation autour d'une élection présidentielle dans une puissance secondaire ?
Danielle Mitterrand posa la vraie question à son époux.
Au regard de la campagne présidentielle française, toutes ces questions semblent n'avoir aucune réponse.
« Cette campagne sent mauvais ! » a déclaré François Hollande dans le « Monde » du 13 avril dernier. Il visait Mélenchon qui fait une montée vertigineuse dans les sondages et qui se retrouve troisième candidat aux élections présidentielles françaises selon les « analyses » des instituts de sondage d'opinion. Il fut plus explicite le week-end de Pâques où il attaqua « la gauche » représentée par Jean-Luc Mélenchon.
Certes, il y a une équation personnelle entre le président sortant et le candidat de « France insoumise ». Ils se détestent souverainement ! Mais, cela n'explique pas tout. François Hollande s'aperçoit sans doute qu'il est le dernier dirigeant d'un système qui s'effondre : la social-démocratie qui s'est mise sous la tutelle du capital depuis la chute du Mur de Berlin, il y aura bientôt trente ans. En outre, le vent de panique provoqué par la perspective d'une présence de Mélenchon au second tour est symptomatique d'une classe dirigeante qui sent vaciller ses bases.
Oui, cela sent mauvais ! Et ce, bien avant l'avancée de Mélenchon ! En réalité, depuis le début, depuis que les sondages donnent KriegsMarine Le Pen à 25 %, bien au-dessus de tous ses adversaires. La France qui, pour la deuxième fois sous la Ve République, pourrait avoir le leader de l'extrême-droite présent en finale, avec de sérieuses chances de l'emporter. Et pourtant, on a considéré cela comme tout à fait normal. Et ce ne l'est plus dès que le leader de gauche a de sérieuses chances de figurer au deuxième tour. À cela, on mesure le chamboulement des valeurs : une large partie de l'opinion est prête à renoncer aux principes fondamentaux parce que l'on lui a distillée la haine de l'Autre.
Mais, des onze candidats, un seul semble avoir un programme de changement crédible : Jean-Luc Mélenchon. Alors, deux questions se posent : aura-t-il le pouvoir de le réaliser ? Sa personnalité quelque peu fantasque n'est-elle pas un obstacle ?
Admettons donc que Jean-Luc Mélenchon passe le cap du premier tour et soit opposé soit à Le Pen, soit à Macron, soit à Fillon. Dans le premier cas, les jeux sont quasi faits : le « vote utile » bénéficiera massivement à « France insoumise ». Mais, ce ne sera pas un vote d'adhésion. Aussi, le nouveau président aura très difficile à imposer les points essentiels de son programme. En cas de duel avec l'ancien ministre de l'économie de Hollande, Mélenchon aura à faire à forte partie : Emmanuel Macron est soutenu par tout l'establishment, l'ensemble des médias publics et privés, une grande partie de la classe politique dont les sociaux-démocrates qui se sont détournés de Benoît Hamon, les libéraux classiques, le centre et une partie de la droite. Enfin, troisième hypothèse, Jean-Luc Mélenchon doit vaincre François Fillon. Ce serait aussi une partie difficile : en dépit des « affaires », Fillon rassemblerait sur lui toute la droite et une grande partie de l'extrême-droite, et sans doute une partie des centristes, les anciens du PS s'abstenant.
Donc, c'est loin d'être gagné pour l'ancien leader du « Front de gauche ». Mais tout reste possible.
Cependant, de tous les candidats à la présidence de la République française, « petits » comme « grands », Mélenchon présente le seul réel programme de rupture avec le cadre politique qui règne en France, mais aussi dans toute l'Europe occidentale depuis la fin de la Seconde guerre mondiale et dans l'Europe centrale depuis 1991. Les deux candidats d'extrême-gauche prônent les vieilles recettes ouvriéristes pseudo-révolutionnaires, Asselineau et Dupont-Aignant, l'euroscepticisme, Cheminade, son éternelle science fiction, Lassalle rêve d'un paradis bucolique. Benoît Hamon qui présente lui aussi un programme de changement, mais pas aussi radical et affiné que Mélenchon, a été trahi par les siens, malgré le soutien populaire dont bénéficie le chef des « frondeurs » socialistes depuis les primaires de la gauche. Les « éléphants » du PS sont quasi tous passés dans le camp Macron. Le vieux parti socialiste né au XIXe siècle, rénové à Epinay en 1970, vient de signer son arrêt de mort.
François Hollande, lui-même, sans le dire ouvertement, soutient le candidat soi-disant « anti système ». Et c'est tout à fait normal : Macron incarne la continuité de la politique de François Hollande avec un fragile vernis de jeunesse et de dynamisme.
En définitive, tout cela n'est que fétide jeu politicien et aura pour seul effet d'encore grossir l'armée des abstentionnistes.
Un enjeu fondamental
Outre que ce mécano politicien commence à lasser les Français – on les comprend ! – posons la question : quel est le véritable enjeu de cette campagne électorale et qui est capable d'y répondre ?
C'est – encore une fois – la journaliste présidente du Comité Orwell, Natacha Polony qui le définit clairement dans sa chronique au « Figaro » du 15 avril.
« Ce qui se joue dans cette campagne, comme toutes celles que connaissent depuis quelques années les pays occidentaux, est la survie de la démocratie comme régime politique permettant l'expression de la volonté commune, alors que des intérêts privés, ceux des grandes banques, des multinationales, grignotent peu à peu ce qui reste d'espace public, en s'appuyant sur les structures supranationales que sont l'Union européenne et l'OMC.
Ce que nous devons trancher c'est de savoir si nous entendons préserver la Res publica, la chose publique appartenant à tous les citoyens comme individus autonomes doués de libre arbitre, ou si nous acceptons de devenir une simple colonie de cet empire globalisé qui utilise les Etats-Unis comme base. »
Le véritable enjeu, c'est de sortir de la dictature des marchés. Et le seul qui a un programme cohérent en l'occurrence, c'est Mélenchon.
Jean-Luc Malenchon est le seul à présenter une alternative.
Mais quand on voit les réactions d'hostilité depuis l'annonce d'une possible présence de Jean-Luc Mélenchon au second tour, on peut se poser des questions. Après tout, l'ancien conseiller général de l'Essonne, l'ancien ministre de Jospin, l'ancien candidat malheureux à la présidentielle de 2012 a, somme toute, en plus de son verbe haut, un parcours assez banal qui ne devrait en aucun cas effrayer l'establishment. Alors, quoi ?
Ce n'est pas la personnalité relativement fantasque de Mélenchon qui les inquiète. C'est son programme et sa manière de la présenter. Pour la première fois, un candidat sérieux et expérimenté arrive à poser les questions essentielles et à tenter d'y apporter des réponses sérieuses.
Par exemple, son programme économique qui va totalement à l'encontre de la politique d'austérité imposée par le traité budgétaire et le pacte stabilité de la zone Euro de l'Union européenne est cohérent, chiffré, crédible. Même les adversaires du candidat de « France insoumise » reconnaissent qu'il est sérieux.
Un programme économique qui tient la route.
Nous reprenons ici des extraits de l'analyse qu'en a faite le journaliste Mathias Trépot dans le site « La Tribune.fr ».
Le candidat a évité le piège d'un programme laxiste et irréaliste. Il est vrai qu'il est aidé depuis des années par Jacques Généreux qui est un économiste de haut niveau et prof à Sciences po. Son plan de relance est basé sur trois chiffres : 100 milliards d'euros de nouveaux investissements financés par l'emprunt, 173 milliards de dépenses courantes supplémentaires, et une hausse des recettes de 190 milliards d'euros.
Jacques Généreux est le principal conseiller économique de Jean-Lus Mélenchon et n'hésite pas à sortir des sentiers battus.
Le postulat de Mélenchon pose que les politiques de l'offre sont un échec cuisant et il est désormais nécessaire de mettre en œuvre un plan de relance. « La seule politique économique qui marche, c'est d'agir directement par la relance budgétaire », estie l'économiste Jacques Généreux.
« Nous avons absolument besoin d'un choc d'investissements en Europe. Même le FMI, l'OCDE et les économistes de la Commission européenne le disent désormais. »
Avec Benoît Hamon, qui cible une hausse de la consommation par le biais notamment de son revenu universel, Mélenchon est ainsi le seul « grand candidat » de cette élection à vouloir un plan de relance par la demande. Mais « un plan de relance ciblé uniquement vers la consommation favorise surtout les importations, et ne crée pas forcément des emplois supplémentaires », note Jacques Généreux.
Ce plan ne se ferait pas – et c'est essentiel – dans une logique déficitaire : « le budget de fonctionnement de l'Etat sera excédentaire », assure l'économiste Liêm Hoang Ngoc, ancien député européen PS et également conseiller économique du candidat. Le camp Mélenchon espère ainsi 55 milliards d'euros de recettes supplémentaires liées aux retombées économiques de la relance de l'activité, car « plus d'emplois, c'est plus de cotisations sociales et plus de recettes fiscales ». Les niches fiscales seront également rabotées de moitié pour environ 38 milliards d'euros, alors que la lutte contre l'évasion fiscale (estimée à 80 milliards d'euros par an) rapporterait 30 milliards d'euros. Symbole de la politique de l'offre menée par François Hollande, le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (21 milliards d'euros) sera par ailleurs supprimé, même si en parallèle, l'impôt sur les sociétés sera abaissé à 25 %. Une hausse de TVA sur les produits de grand luxe, pour financer les baisses de TVA sur les produits de première nécessité, rapportera également 5 milliards d'euros.
L'ancien député européen PS Liem Hoang Ngoc et brillant économiste a rejoint Jean-Luc Mélenchon.
Enfin, les prélèvements obligatoires (c'est-à-dire les impôts directs et les cotisations sociales en France) seront augmentés de 33 milliards d'euros. La moitié de cette hausse étant supportée par les prélèvements sociaux afin de financer le remboursement des soins à 100 % par la sécurité sociale et la retraite à 60 ans. L'autre moitié reposera notamment sur une hausse de la fiscalité sur le revenu : un barème à 14 tranches sera instauré et augmentera la fiscalité des revenus supérieurs à 6.000 euros par mois. En parallèle, la hausse des droits de succession sur les gros patrimoines et le renforcement de l'ISF contribueront à hauteur de 3 milliards d'euros au budget de l'Etat. Enfin par une taxe progressive, les hautes transactions immobilières rapporteront 5 milliards d'euros supplémentaires chaque année.
On comprend que ce programme ne plaise pas au patronat, aux banques et à la droite libérale.
Une des principales objections est évidemment : ce programme est inapplicable. Or, un plan de relance est en cours au Portugal et est en passe de réussir.
L'exemple du Portugal
L'arrivée au pouvoir au Portugal de la gauche plurielle avait irrité les chantres de l'orthodoxie budgétaire. Un an et demi plus tard, ce pays fragile de la zone euro affiche un déficit public au plus bas depuis 1974 et rentre dans les clous de Bruxelles.
Après avoir amené le déficit en 2016 à 2%, le Portugal compte arriver à 1,5% cette année, puis 1% en 2018 avant de viser l'équilibre budgétaire en 2020: ce pari ambitieux figure dans le programme de stabilité adopté par le gouvernement de gauche de Lisbonne.
En plus, le Premier ministre socialiste Antonio Costa a réussi le tour de force de juguler les déficits tout en redonnant du pouvoir d'achat aux Portugais, en augmentant le salaire minimum et les prestations sociales.
Le Premier ministre socialiste portugais mène une politique audacieuse et qui donne ses fruits.
Cette rigueur dans les comptes ne réjouit pas cependant les alliés du gouvernement minoritaire, le Bloc de gauche appelant les socialistes à «défier la Commission européenne» et le Parti communiste qui dénoncent «la soumission au diktat de Bruxelles».
Mis en selle en novembre 2015 grâce à une alliance inédite avec la gauche radicale, Antonio Costa a détricoté nombre de mesures de rigueur adoptées par la droite après l'appel du pays à une aide financière internationale en 2011.
Le gouvernement est ainsi revenu en partie sur la privatisation de la compagnie aérienne nationale TAP, a mis fin aux surtaxes sur les revenus et instauré le retour aux 35 heures dans la fonction publique.
Pour faire passer pour la première fois son déficit en dessous de la barre des 3% fixée par Bruxelles, le Portugal a dû tailler dans l'investissement public, en chute de 30% en 2016. Mais la croissance est au rendez-vous et de nombreux emplois ont été créés dans le tourisme, secteur important de l'économie lusitanienne.
Pour sauver le meilleur de la construction européenne, il faut abolir le pire.
Mais Mélenchon veut aller plus loin. Son principal conseiller économique, Jacques Généreux explique dans une interview à « Libération » le 24 mars :
« Pour sauver le meilleur de la construction européenne, il faut abolir le pire, à savoir la guerre économique par le dumping fiscal et social et l'obsession imbécile de l'équilibre budgétaire qui interdit des politiques économiques efficaces. Là-dessus, nous serons intransigeants, car si on ne remet pas cela en cause, l'Union est condamnée. Il faut bien comprendre à quel point la zone euro a viré à la folie. Les gouvernements prétendument proeuropéens n'ont pas sauvé la zone euro avec leurs fameux plans de sauvetage. Ils l'ont massacrée économiquement et humainement. Faut-il rappeler comment les Grecs ont été traités ? »
Ainsi, contrairement aux pseudo-analyses des économistes et journalistes médiatiques, Mélenchon et son équipe ne sont pas anti-européens, bien au contraire, mais veulent imposer une autre philosophie. Généreux ajoute :
« La question n'est donc plus de savoir s'il faut sortir ou non d'une Union déjà morte. Elle est de savoir comment redonner un souffle à un vrai projet de coopération européenne. Au sentiment nationaliste xénophobe s'ajoute un sentiment des classes populaires qui ne sont pas spécialement xénophobes ou racistes, mais qui sont devant le constat que cette Europe-là n'est plus celle de la paix et du progrès. Elle est celle de la régression sociale et de la rivalité des nations. Pensez à la fameuse directive sur les «travailleurs détachés». On voit concrètement à quel point l'UE est une Europe de la mise en compétition des travailleurs les uns contre les autres. On voudrait faire naître le sentiment antieuropéen ou xénophobe qu'on ne s'y prendrait pas autrement. »
Mélenchon propose donc une réelle alternative. Mais.
Mélenchon : oui, mais.
Je partage l'analyse du journaliste Hugues Lepaige parue sur son blog hébergé par la revue « Politique » :
« Le succès de Mélenchon s'inscrit dans un contexte européen : celui de la crise de la politique en général et celle de la social-démocratie en particulier. Cette fois, le cadre politique qui a conditionné la vie publique depuis 1945 est condamné. La recomposition est aussi souhaitable qu'inexorable. Mélenchon a pris option pour en être l'acteur central en France. En sera t-t-il capable en dépit de sa tendance à la personnalisation à outrance de sa campagne ? Le précédent de 2012 n'incite guère à l'optimisme. Faute de conclure des accords et de les gérer collectivement, le candidat du Front de Gauche avait alors dilapidé en deux temps trois mouvements le capital politique forgé autour de sa candidature. Le contexte a changé, certes. Mais les craintes de ce genre ne sont pas évanouies. A Mélenchon, dès les législatives, de faire la preuve qu'elles ne sont plus d'actualité.
L'extrême personnalisation de ses interventions provoque un sentiment de gêne : Mélenchon interdit bien que l'on scande son nom dans les meetings mais toute la scène, la gestuelle et l'organisation tournent autour d'un seul homme. Les accents chauvins de certains de ses propos, la manifestation d'une laïcité rigide peuvent aussi hérisser. Mais le fait est là, Mélenchon a su trouver les mots et l'accent pour redonner de l'espoir. Ses positions radicales contre un social libéralisme en faillite et une droite agressive en font aujourd'hui le leader incontestable pour les électeurs de gauche. « Mélenchon, malgré tout », diront certains ou même « Mélenchon, hélas », regretteront d'autres. Mais le fait est là : le candidat de la France Insoumise est bien aujourd'hui le vote utile à gauche. »
Oui, il y a des réserves. Elles sont également exprimées par les Amis du blog de Paul Jorion, avec en plus la crainte d'un dérapage autoritaire.
« ... Le plan B de la France Insoumise se veut radical. Ce radicalisme se nourrit dans la population d'une défiance encore jamais atteinte dans des « démocraties modernes » vis à vis des gouvernants qui se sont coupés de la vie sociale en faisant de la Politique un métier pour lequel la carrière personnelle prime sur les enjeux sociaux. Cette tendance s'est structurée, jusqu'à la sclérose, au sein des partis politiques.
Et comme dans tous les radicalismes historiques, le risque d'un dérapage autoritaire n'est pas à exclure. C'est sans doute ce qui fait dire, voir ou craindre à certains le risque Brun-rouge d'une arrivée au pouvoir de la France Insoumise. Cette crainte tout à fait justifiable fait malheureusement écho, ces derniers temps dans les médias, avec la volonté conservatrice des défenseurs de l'ordre libéral établi. (...)
Pour un changement de l'intérieur, peut-on compter sur un parti traditionnel, genre PS avec Hamon, PS qui s'est confortablement installé dans le paradigme libéral actuel pour un grand nombre de ses dirigeants ? Alors, il faut un candidat hors parti ! Macron ? Comment croire que le changement viendra de là ?
Pari du changement de paradigme par l'intérieur, avec le risque d'une dilution dans le temps et dans la nébuleuse institutionnelle, contre le pari d'un changement radical avec bouleversement des institutions, au risque d'un dérapage autoritaire.
C'est la contrainte temps qui brusque les choses. Le rythme de croissance des inégalités nourrit copieusement le populisme qui a déjà choisi en nombre l'autoritarisme brun certifié du FN. Sans représentant présidentiable, la voie du changement de l'intérieur a peu de chance d'exister et quand bien même, sa lenteur dans les transformations de société parviendra-t-elle à être visible aux yeux de cette partie de la population en colère ? L'hypothèse Macron, nous le savons, sera celle du statu quo et dans 5 ans le populisme aura gonflé dans quelles proportions et dans quelle couleur ?
Que choisir, que faire ? »
La vie politique comporte des risques. Et comme tout risque, il doit être calculé. Ici, le risque d'une dérive autoritaire pèse dans la balance.
Mais le risque le plus sérieux, c'est un raidissement de l'Union européenne qui pourrait envoyer la Troïka à Paris et imposer ainsi une drastique politique d'austérité. En effet, le programme de Mélenchon comporte une augmentation du déficit, du moins au départ. Cela pourrait servir de prétexte au Conseil européen et à l'Eurogroupe. Aussi, le danger est un conflit ouvert entre la France et l'Union européenne. Et ce bras de fer, nul ne sait qui va le gagner, car la France se trouverait isolée au sein de l'Union.
Néanmoins, l'immobilisme serait la pire des choses et, lui, pourrait entraîner la France et aussi toute l'Europe dans le « populisme », ou plutôt un fascisme larvé dont on voit déjà les prémisses notamment en Belgique.
Alors, en définitive, il faut courir le risque Mélenchon.
Amis français, votez Mélenchon !
Pierre Verhas
Bron: http://uranopole.over-blog.com/2017/04/elections-presidentielles-francaises-et-alors.html