Une crise, qu’elle soit économique, politique, sanitaire, est toujours l’occasion d’une confrontation des récits. En fonction d’où nous parlons, de ce que nous représentons, de notre situation sociale, nous ressentons et racontons différemment les causes, le déroulement ou les conséquences de la pandémie liés au Coronavirus.
En 2008, le monde progressiste dans sa large diversité a perdu cette bataille des récits. Les inégalités économiques croissantes et la mauvaise gestion des banques n’ont pas été considérées durablement comme les causes de la crise. Rapidement, on a voulu nous faire croire que la crise bancaire et la dette privée étaient une « crise de la dette publique ». Ce mensonge a déterminé l’évolution économique, sociale et démocratique de l’Europe notamment. Les dispositifs de protection sociale, les services publics ou encore la culture, jugés trop chers, ont été sommés de se serrer la ceinture. Cette nouvelle cure d’austérité a fait des ravages dans notre système de santé, nos services publics et notre sécurité sociale, et a préparé les crises suivantes avec le macabre résultat que nous connaissons aujourd’hui. Elle a par contre permis aux milieux d’affaires, aux actionnaires, aux banques, aux multinationales, aux spéculateur·trices, d’accumuler des centaines de milliards et de renforcer leur pouvoir sur la société et sur nos vies.
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