Koopkrachtplakkaat

EnergieplakkaatC

173646265 10222054268599783 1356797931624160070 n

Delen van artikels

On évoque régulièrement la Justice à deux vitesses, en clair la Justice de classe. Mais depuis la crise des migrants, on ne parle pas de la double Justice, c’est-à-dire celle où se heurtent deux règles légales contradictoires. Lorsque l’on rencontre une personne en danger, passer outre est constitutif du délit de non-assistance à personne en danger, délit sévèrement condamné par les Cours et tribunaux. Précisons en outre que cette disposition du Code Pénal ne précise pas quelle est la nature de la « personne » en danger.

Mais quand on porte secours à des jeunes femmes migrantes blessées en pleine montagne, dans le froid, on est poursuivi en France pour avoir porté illégalement aide et assistance à l’immigration clandestine. Donc, une loi de circonstance par ailleurs contestée par les plus hautes juridictions nationales et internationales l’emporte sur un principe fondamental de droit.

Alors, double question : où est la Justice ? Où est la loi ? La loi, expression de la volonté populaire est universelle, et la Justice se doit d’être rendue en son respect. Mais comment faire si les règles légales sont contradictoires ?

Bernard Gensane, bien connu des lecteurs d’Uranopole rapporte sur son blog ( http://bernard-gensane.over-blog.com/) cette histoire aussi émouvante qu’interpellante de Pierre-Alain Mannoui qui, roulant en pleine nuit dans les montagnes des Alpes Maritimes, rentrant chez lui, a rencontré sur sa route trois jeunes femmes africaines blessées et transies de froid. Il les réconforte tant bien que mal et les embarque dans sa voiture pour les emmener à l’hôpital le plus proche.

La suite est narrée par la mère de Pierre-Alain.

Oui, non seulement les migrants, mais nous aussi sommes en danger.

P.V.

image 0933244 20200927 ob 0cd899 pierre alain mannouiPierre-Alain Mannoui se retrouve devant la Justice parce qu'il est un homme juste.

Voici les nouvelles des procédures judiciaires de mon fils Pierre-Alain. Après 4 ans de procédure, les frais de justice continuent de s'accumuler, merci de votre générosité pour sa cagnotte.

L'aide aux migrants - Ma folle épopée judiciaire

En 2016, dans le froid de la montagne des Alpes-Maritimes, en pleine nuit, j’ai rencontré 3 jeunes femmes qui étaient gravement blessées. Elles avaient fui la dictature d'Érythrée, elles étaient passées par les marchés aux esclaves de la Lybie et s’étaient perdues sur une route près de chez moi. Je les ai emmenées dans ma voiture pour les mettre à l'abri et qu'elles reçoivent des soins. On nous arrêté au péage et mis des menottes parce qu’elles n’avaient pas les bons papiers.

Depuis des années ces dérives graves de l'Etat sont portées devant les juridictions par des associations ou des citoyens isolés. D’ailleurs cette année :

Le conseil d'État et le Conseil Constitutionnel a confirmé que la France ne respecte pas sa devise Fraternité et son obligation d'accueillir les plus vulnérables comme les femmes ou les enfants fuyant les guerres.

En référence à l’article 3 sur la torture la Cour Européenne des Droits de l'Homme vient de condamner la France sur la façon dont elle a traité des personnes qui devaient être mises à l'abris.

Et même des policiers à Briançon ont été condamnés à de la prison pour avoir répété violences, humiliations et vols sur des personnes qui avaient besoins d'aide.

Malgré cela pour la 5e fois je me retrouve devant un tribunal. Un épopée judiciaire digne des plus grandes affaires : 1ere Instance à Nice, Cour d’Appel d’Aix en Provence, Cour de Cassation à Paris, Conseil Constitutionnel et maintenant une nouvelle cour d’appel à Lyon. Car en fait l'enjeux de cette affaire qui peut paraitre ubuesque fait froid dans le dos :

Est ce qu’il faut éduquer nos enfants en disant qu'il y a certaines personnes différentes qu'il ne faut pas secourir ? Comme les juifs à une autre époque…

Est ce qu’il faut réduire la définition de la Fraternité ? Comme on l'a fait sous l'occupation…

Alors voilà j’y retourne pour que plus personne ne soit poursuivi pour avoir été humain, pour avoir accueilli comme cela s’est toujours fait partout et à toutes les époques. C'est aussi pour ça qu'un rassemblement est prévu le jour du procès, devant la cour d'appel de Lyon le 23 septembre 2020 à 13h.

Mais il y a de l’espoir car nous sommes très nombreux à être humain. En ce moment par exemple des bénévoles comme ceux de Roya-Citoyenne apportent de la chaleur humaine et de la nourriture à des gens laissés à l'abandon grâce à vos dons et votre aide.

24 SEPT. 2020 —

Il est 19h45, elle a commencé à 13h30

Ça a été dur, très lourd...

L’avocat général souhaite la condamnation. Il a cherché à faire passer Pierre-Alain pour un militant. Et un militant connaît la loi et la loi c’est la loi et Pierre-Alain savait qu’il ne respectait pas la loi, voilà son argumentation qui a duré plus d’une heure.

Il demande 5 mois de prison avec sursis.

Pour la défense Pierre-Alain est un citoyen ordinaire qui s’est trouvé en présence de gens en souffrance ayant besoin d’aide. Maëva, son avocat, a été très bonne. Elle a relevé des anomalies dans le réquisitoire de l’avocat général.

Pierre-Alain a été très solide, à la barre pendant 3 heures sans interruption. Plus des questions supplémentaires à la fin.

J’ai trouvé que le président de la Cour cherchait à le coincer sur des petits détails, il coupait les cheveux en quatre dans la première partie de l’audience. Il paraissait plus humain pendant le réquisitoire du procureur. Ce dernier m’a fait frémir mais certaines personnes ont trouvé qu’il avait fait des erreurs.

Je suis incapable de tout comprendre dans ces démonstrations de haut vol des lois.

Mais je me suis dit en l’écoutant que respecter la loi de façon aussi dépourvue d’humanité et de fraternité mènerait à une société où je n’aurais pas envie de vivre.

Je n’aimerais pas le croiser. C’est de l’acier.

J’ai bien compris le sens de « raide comme la justice » ! Oui vraiment très raide !

Suis nouée,

Le verdict sera rendu le 28 octobre à 13h30

… À suivre

Dans le meilleur des cas Pierre-Alain sera relaxé mais à mon avis le procureur ira en cassation. Il veut le faire condamner

Autrement si Pierre-Alain est condamné, c’est lui qui ira en cassation pour aller jusqu’à la Cour européenne des droits de l’homme.

Donc on n’est pas sorti de l’auberge...

Ouf.

Pas facile.

Post-Scriptum

Israël : un témoignage accablant

Eléonore Merza Bronstein et son compagnon Eitan Bronstein Aparicio, ont quitté à la fin de l’année dernière l’Etat d’Israël pour s’installer en Belgique. Eléonore est une femme d’origine juive et musulmane qui est partie en Israël pendant sa jeunesse mais qui a refusé d’en prendre la nationalité pour des raisons politiques. Elle a rencontré Eitan, un Israélien qui a fait son alya en 1965, à l’âge de cinq ans, en provenance d’Argentine. Il a travaillé dans un kibboutz. Il a fondé en 2001 l’ONG Zochrot pour sensibiliser l’opinion israélienne sur la Nakba – la catastrophe en arabe -, c’est-à-dire l’expulsion de quelque 750.000 Arabes palestiniens par les milices juives du territoire du futur Etat d’Israël en 1947-48.

J’ai rencontré Eléonore en Israël quelques semaines avant son exil volontaire en Belgique, elle est une femme déterminée, courageuse, dotée d’une grande ouverture d’esprit, mais elle ne supportait plus le poids de la « pensée unique » sioniste qui marginalisait son couple et ses enfants dans la société israélienne.

Eléonore et Eitan ont contribué à un travail à la fois anthropologique et géographique : cartographier tous les villages arabes sur lesquels les Israéliens ont construit leurs propres cités et leurs propres villages. Ainsi, la Nakba ne consistait pas seulement à expulser les Arabes de Palestine, mais aussi à détruire leur passé et à effacer leur histoire. La carte qui a été publiée est un terrible acte d’accusation aussi bien contre l’Israël d’avant 1967 que celui dans les territoires occupés depuis – le Golan et la Cisjordanie.

image 0933244 20200927 ob fcfd9d eleonore mezra bronsteinEleonore Merza Bronstein et son compagnon Eitant Brosntein Aparicio

image 0933244 20200927 ob 84310e nakba

Eléonore et Eitan ont publié un ouvrage en français intitulé « Nakba Pour la reconnaissance de la tragédie palestinienne en Israël ». (Éditions Omniscience : www.omniscience.fr). Il s’agit d’un dialogue entre eux deux où ils allient leurs histoires personnelles et militantes avec l’histoire mouvementée de cette région du monde.

Désormais installés et travaillant en Belgique, Eléonore et Eitan accordent des interviews à différents médias où ils expliquent à la fois leurs parcours et les enjeux de ce conflit tragique et interminable, en dénonçant un processus totalitaire qui se perpétue. En voici une diffusée sur le réseau social Facebook.

https://www.facebook.com/ajplusfrancais/videos/311716833257011

P.V.


Source: http://uranopole.over-blog.com/2020/09/la-double-justice.html