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Imaginez-vous au sortir de l’école, lorsque vous étiez comme moi un potache adolescent, qu’un de vos profs se fasse décapiter au coin de la rue après avoir donné un cours qui ne plaisait pas à certains ? Non ! Vous ne l’imaginez pas, parce que c’était impossible.

Imaginez-vous que des parents d’élèves viennent menaçants à l’école pour demander l’exclusion de ce prof parce qu’il a donné une leçon qui a choqué leur rejeton ? Non ! Vous ne l’imaginez pas, parce que c’était impossible.

Imaginez-vous un de ses parents d’élève déposer plainte et alerter les médias pour que ce prof traité de « voyou » soit poursuivi ? Non ! Vous ne l’imaginez pas, parce que c’était impossible.

Imaginez-vous enfin que les réseaux sociaux soient inondés de « posts » haineux, menaçants et insultants à l’égard de ce prof. Non ! Vous ne l’imaginez pas, parce que c’était impossible.image 0933244 20201018 ob e96cca samuel patySamuel Paty a été tué sur le front de la liberté d'expression.

Jean-Christophe Attias ancien professeur de Collège cité par la professeure de Physique de l’Université de Tunis Madame Faouzia Charfi, écrit :

« Et ce n'est pas juste un hashtag. Je suis prof depuis près de quarante ans. J'ai eu ma période collège, une décennie, dans la banlieue nord de Paris. Je suis souvent rentré chez moi fatigué, découragé, excédé.

Je n'ai jamais cessé d'aimer ces gosses.

Et je n'ai jamais eu peur.

Jamais.

Même quand l'atmosphère était lourde ou tendue dans le collège ou alentour.

Aujourd'hui, je le sais. Je sais que si je devais reprendre lundi matin le RER, Gare du Nord, pour rejoindre ma classe, j'aurais la peur au ventre.

Ceux qui nous disent, triomphants et obscènes, « On vous l'avait bien dit ! On vous avait prévenus ! », n'ont rien à proposer. Pas le moindre début de solution qui nous donnerait une chance de résister au courant puissant et terrifiant qui nous emporte tous. Rien à droite. Rien à gauche. Devant nous une seule perspective : la guerre de tous contre tous. Nous avons bien un ennemi. Mais cet ennemi n'a qu'un but : nous faire devenir ce qu'il est, tel qu'il est. C'est aussi à cela qu'il nous faut résister. Et nul ne sait comment.

Je n'ai aucun diagnostic à poser, nul horizon à dessiner, je n'ai que des erreurs à confesser. Et des larmes à verser. Sur cette mort. Sur nous. Sur le monde où nous vivons. Sur celui qui s'annonce. Et nous en sommes tous là, tous. Il va falloir travailler pour nous sortir de là.

Demain. Sans faute.

Pour aujourd'hui, je n'ai rien de plus à dire que ceci : pendant presque quarante ans, je n'ai eu à cœur d'enseigner que la joie d'apprendre, l'art de douter, l'ambition de créer, il me reste désormais à enseigner à lutter contre la peur. »

image 0933244 20201018 ob 81ba52 abdelhakim sefriouiAbdelhakim Sefrioui, par ailleurs "copain" de Dieudonné a carrément fait un appel au meurtre !

Aujourd’hui, c’est une terrible réalité. Deux mondes s’affrontent et dès aujourd’hui en un lieu qui devrait être un havre de paix : l’école. Dès le départ, l’affaire de cette simple leçon dans un collège de la banlieue parisienne a pris des proportions gigantesques dont d’ailleurs les islamistes sont coutumiers. Ainsi, Abdelhakim Sefrioui, un personnage totalement étranger à ce collège, membre du conseil des imams de France, proche de Dieudonné, bien connu des services secrets français a lui aussi traité Samuel Paty de « voyou ». Et ces quelques jours de tensions exacerbées se sont achevés par la pire agression qu’un homme peut subir.

Une nouvelle guerre de religions

Deux mondes s’affrontent, disions-nous. Ce n’est pas le « choc des civilisations » cher aux néoconservateurs américains, mais c’est un conflit majeur entre deux conceptions du monde qui transcendent les « civilisations ». Ce qu’il se passe aujourd’hui ressemble à s’y méprendre aux guerres de religions qui déchirèrent l’Europe aux XVIe et XVIIe siècles.

Ces guerres commencées en 1517 par les fameuses 95 thèses de Luther qui remettent en question les fondements même de l’Eglise catholique apostolique romaine, sont à la fois idéologiques et géopolitiques. Cela se traduit très vite par un affrontement entre l’Europe germanique et l’Europe latine doublé de terribles répressions contre les Réformistes ou les Contre-réformistes. La France est divisée entre Huguenots et Catholiques, les Pays-Bas affrontent l’occupant espagnol dans une guerre à la fois politique et religieuse. L’Europe du Nord se rallie au luthérianisme. L’Italie est en grande partie sous le joug espagnol. Quant à la Grande Bretagne elle est divisée entre l’Ecosse catholique et l’Angleterre anglicane qui a fait une sorte de synthèse entre les catholiques et les protestants. Et derrière tout cela veillait la plus grande puissance de l’époque : l’empire ottoman gardien de l’Islam.

Eh bien ! Aujourd’hui, en Europe, il y a de nombreux parallèles avec les guerres de religion de la Renaissance. Si les guerres de religions sont depuis longtemps enterrées en Europe, une autre religion s’est épanouie peu à peu après la décolonisation et par l’immigration : l’Islam. La démographie aidant, il a pris de plus en plus d’influence particulièrement sur les jeunes générations. La religion islamique s’est répandue de manière anarchique. Que ce soit en France ou en Belgique, ses prosélytes n’ont tenu aucun compte des règles en vigueur sur les relations entre la religion et la société civile. Mais qui sont ses prosélytes ?

Le gardien de l’Islam aujourd’hui est l’Arabie Saoudite ainsi que ses satellites, les Emirats arabes unis, Bahreïn, Dubaï et le Qatar dans une moindre mesure, car ce petit pays gazier très riche est assez proche de l’Iran. L’Arabie Saoudite est née en 1919 du renversement des Hachémites de La Mecque et de Médine par un chef de guerre qui est devenu le roi Saoud. À l’époque, les Anglais qui étaient très influents dans la région ne s’en sont pas trop préoccupés du moment qu’ils pouvaient exploiter le pétrole de la British Oil Company nécessaire à la navigation maritime vers l’Inde. En 1945, le président américain Franklin D Roosevelt signe un accord historique avec le roi Ibn Saoud garantissant la protection du royaume en échange du quasi-monopole sur l’extraction du pétrole de la péninsule arabique accompagné bien sûr de royalties pour le roi et sa famille. Roosevelt avait vu juste : la péninsule arabique est de loin le principal producteur de pétrole du monde. Mais sans s’en apercevoir, il avait ouvert la boîte de Pandore.

image 0933244 20201018 ob ec85c4 ibn saoud rooseveltIbn-Saoud, roi d'Arabie Saoudite et le Président US Franklin D Roosevelt négocient sur le porte-avions américain Quincy un accord qui aura de lourdes conséquences.

À l’époque, on ne prit pas au sérieux la doctrine islamique des Saoud qu’ils ont imposé sur l’ensemble de la péninsule. Les Saoud étaient adeptes du wahhabisme, une des interprétations les plus rigoristes de l’Islam sunnite avec le salafisme. En 1973, après la guerre du Kippour entre Israël, l’Egypte et la Syrie, les pays exportateurs de pétrole réunis dans une organisation internationale, l’OPEP, décrètent en représailles du soutien occidental à Israël, une forte augmentation des prix de l’Or noir qui perturbe considérablement les économies européennes et dans une moindre mesure l’économie étatsunienne. C’est le premier choc pétrolier et le meneur de jeu est l’Arabie Saoudite.

L’année charnière : 1979

Un second choc pétrolier a lieu en 1979. Il est encore plus dur que le premier et contraint les Etats européens à entamer une dure politique d’austérité économique et sociale. L’Europe occidentale qui a vécu sous les lauriers de la relance d’après-guerre est dès lors considérablement affaiblie.

L’année 1979 est aussi celle de la révolution islamique en Iran. Elle marque un réveil de l’Islam. Les populations musulmanes d’Europe occidentale commencent à bouger. Le port du voile islamique se répand et de nombreuses mosquées sont construites dans les villes à forte densité musulmane. La Belgique reconnaît la religion mahométane en 1981. On pense à l’époque qu’en permettant aux immigrés arabo-musulmans d’exercer leur culte en toute liberté, cela favorisera leur intégration dans la société européenne. Cela se faisait dans un esprit d’ouverture qui n’était d’ailleurs pas accepté par tous les Belges, loin de là !

L’année 1979 est aussi celle de l’invasion de l’Afghanistan par l’Armée rouge soviétique. Dès 1980, la Résistance s’organise soutenue à la fois par les Etats-Unis et par l’Arabie Saoudite. Un membre d’une grande famille saoudienne, un certain Oussama Ben Laden, recrute, entraîne et arme des moudjahidines – des combattants – musulmans contre les Soviétiques avec l’appui de la trop fameuse CIA. C’est à ce moment-là qu’a commencé le terrorisme islamique. Ces moudjahidines ont reçu les armes les plus modernes et ont formé la base du terrorisme islamique. La base en arabe se dit : Al Qaïda…image 0933244 20201018 ob 57bae8 oussama ben ladenOussama Ben Laden travaillait d'abord pour les services secrets US.

Le rôle majeur de l’Arabie Saoudite

À la fois pour contrer le chiisme iranien et pour avoir l’adhésion des musulmans européens, l’Arabie Saoudite sunnite et les autres monarchies pétrolières ont financé la construction de mosquées ainsi que des écoles coraniques un peu partout en Europe. Et puis, les Saoudiens y ont envoyé des imams prêcher dans ces nouvelles mosquées et aussi former d’autres imams sur place.

Ces imams s’adressent particulièrement aux jeunes à l’esprit malléables et leur inculquent la haine de l’Occident « mécréant », celle des homosexuels, le rejet des principes fondamentaux de la démocratie : la liberté de conscience, la mixité, l’égalité hommes-femmes, l’apprentissage de la théorie darwinienne, etc. Ces prêches durent depuis des années et ont une grande influence sur la pensée et le comportement des jeunes musulmans. Il y a en plus l’endoctrinement via les télévisions satellites comme Al Arabia et Al Jazzera. Ces penseurs moyenâgeux se servent des technologies les plus modernes pour leur conquête des esprits !

Le juge Michel Claise m’a un jour raconté. Il y a quelques années, alors qu’il était juge d’instruction de permanence, il a été saisi au milieu de la nuit d’une affaire d’agression collectives de la part de jeunes arabo-musulmans au Parc Royal à Bruxelles qui est connu pour être dans la soirée le lieu de rendez-vous des homosexuels. Plusieurs d’entre eux ont été sérieusement blessés et la police a réussi à arrêter la plupart des membres de cette bande qui provenaient tous d’un même quartier de la commune limitrophe de St-Gilles. Au terme des interrogatoires, le magistrat a conclu que ces individus avaient été endoctrinés par un imam prêchant contre les homosexuels dans une mosquée locale. Il a dépêché le lendemain un inspecteur de police arabo-musulman dans cette mosquée. L’imam en question s’était évaporé. Il était Saoudien. Je me souviens aussi des propos d’un musulman de mes connaissances qui est très pratiquant et qui se plaignait de ces « imams étrangers » qui prêchaient ce genre d’appel lors de la prière du vendredi.

Ainsi, la religion est un instrument de manipulation des esprits destiné à asseoir un pouvoir totalitaire, en l’occurrence l’influence des monarchies pétrolières sur les pays occidentaux dans leurs seuls intérêts économiques et géopolitiques.

Un terrible échec

Voici une vingtaine d’années, un politicien de la droite libérale belge, Daniel Ducarme, aujourd’hui décédé avait affirmé dans les médias : « L’intégration est un échec ! ». Cette déclaration a provoqué une levée de boucliers de la bien-pensance. Pourtant, à la réflexion, il avait raison.

Malgré les efforts des groupes antiracistes, des associations de solidarité, de syndicalistes et de quelques hommes et femmes politiques, les populations arabo-musulmanes dans les villes d’Europe occidentale ont été laissées pour compte. Il n’y eut aucune action réelle des pouvoirs publics pour une politique de logement, de scolarité, de santé publique, d’intégration culturelle. La crise économique et sociale et le chômage n’ont fait qu’aggraver la discrimination entre les groupes issus de l’immigration et les autochtones. Au contraire, l’accent a été mis sur la répression. On oublie que c’est là que la délinquance se déclenche, car il n’y a pas d’espoir social. Les jeunes immigrés ne disposent que d’un enseignement médiocre dans un contexte guère propice à l’étude. Ils sont le plus souvent livrés à eux-mêmes sans espoir d’avenir. C’est le « no future » généralisé. Donc, c’est le terreau idéal pour le trafic de stupéfiants, la marginalisation et donc l’endoctrinement à des idées aussi radicales que simplistes comme l’islamisme salafiste.

C’est aussi le terreau idéal pour le terrorisme. De petits délinquants se sentent valorisés en commettant leurs forfaits au nom de la religion, comme le dit le criminologue français Alain Bauer.

Après l’Arabie Saoudite, l’Etat islamique

À Bethlehem, lors d’un entretien avec Edmund Shehadeh, directeur de la BASR (Bethlehem Arab Society for Rehabilitation), nous avions évoqué l’islamisme et ses fléaux et il a affirmé : « L’Etat islamique, ce sont les Américains ! » J’avoue avoir été surpris par son affirmation. Cependant, à la réflexion, Daesh n’est pas né d’une génération spontanée. Il a disposé de moyens considérables qui ne peuvent provenir que d’un Etat puissant. Cet Etat ne peut qu’être l’Arabie Saoudite et les services secrets US sont certainement au courant. Complicité ou aveuglement ? Peu importe.

Alain Bauer ajoute : « Depuis que le ministre des attentats de Daech, Al-Adnani, avait appelé à frapper de cette manière, oui. Il a depuis "rejoint son créateur", celui auquel il croyait, mais il avait donné toutes ses instructions, tout est sur YouTube. Il avait enjoint les djihadistes à rejoindre les terres de combat, en Syrie, en Irak, et pour ceux qui n’en avaient pas la possibilité, à opérer près de chez eux, avec les moyens dont ils disposaient. C’était annoncé, il y a eu des instructions, elles ont été exécutées. C’est un processus qui a commencé à Saint-Quentin-Fallavier en 2015, avec la décapitation d’un chef d’entreprise par un de ses anciens employés, s’est poursuivi à Saint-Etienne-du-Rouvray en 2016 avec l’égorgement du père Hamel, et a failli se reproduire de manière dramatique il y a quelques semaines devant les anciens locaux de Charlie Hebdo.

image 0933244 20201018 ob 229e44 alain bauerLe criminologue Alain Bauer tente une analyse objective de la nébuleuse islamique.

C’est étonnant qu’il n’y en ait pas eu plus. La différence c’est que le cas terrible de ce professeur ressemble beaucoup plus à un assassinat commandité qu’à un attentat. La victime était ciblée. L’opérateur vivait à Evreux, il n’avait pas d’attache familiale à Conflans-Sainte-Honorine. L’enquête le dira, mais il y a une organisation avec lui. On n’est pas du tout dans le cas du "loup solitaire", qui n’existe pratiquement pas (…), mais d’individus isolés. » (Marianne.net 17/10/2020)

Alain Bauer conclut : « Ce "jihad de proximité" a été théorisé par Abou Moussab Al-Souri dans son manifeste "Appel à la résistance islamique mondiale", où il expliquait l’échec d’Al-Qaïda avec ses attentats complexes et de grande ampleur. Il a été à l’origine de ce djihad de troisième génération. »

Samuel Paty : victime d’une diabolique stratégie

Ce dimanche 18 octobre, place de la République à Paris, des milliers de personnes se sont rassemblées en hommage à Samuel Paty et pour défendre les principes fondamentaux de la République. La reporter de la chaîne RTL-TVI a interrogé un des participants, un jeune prof d’histoire dans un lycée, qui a répondu qu’il allait changer sa manière de présenter la question de la liberté d’expression pour éviter de choquer ses élèves. En réalité, ce jeune enseignant n’est pas conscient qu’il cède aux djihadistes assassins de Samuel Paty ! Et c’est justement leur stratégie.

Et puis, ne serait-ce pas insulter les musulmans qui, eux, vomissent ces djihadistes qui détruisent leur culture et leur pensée ?

Lisons ce texte écrit par un jeune universitaire musulman ayant étudié à Paris. Il nous démontre que tout être humain parvient à vaincre le fanatisme par la réflexion. Ainsi, l’immense majorité des musulmans n’est pas coupable du meurtre de Samuel Paty.

« J'ai lu le statut d'une personne, commentant l'assassinat du professeur en France, qui considérait que la solution contre le terrorisme, la Culture, était un vieux poncif.

Si je vous disais que j'ai été conservateur au point de penser que les juifs étaient naturellement nos ennemis, que les femmes qui couchaient avant le mariage finiront en enfer. Au point de penser que tous ceux qui ne se soumettaient pas aux 5 piliers étaient infréquentables. Et ce qui était assez drôle, dans tout cela, c'est que je ne comprenais rien à l'Islam.

Pire que ça, je ne me soumettais pas, moi-même, aux 5 piliers de l'Islam.

Mais bien sûr, il est plus simple de reprocher aux autres leur manque de foi, leur athéisme, leurs blasphèmes que de s'interroger sur sa propre foi et ses contradictions.

J'ai grandi en France et comme tout bon immigré j'ai grandi avec pour culture géopolitique les interprétations de mon père et ses amis qui traduisaient les informations d'Antenne 2 en langage victimaire. Les arabes étaient victimes de tout et tous, responsables de rien, ni de personne. En bon immigré, biberonné aux discours revanchards, je rejetais la culture du pays dans lequel je grandissais en idéalisant une culture, une religion, un pays d'origine que je ne connaissais quasiment pas.

Quand est arrivée la guerre du Golfe j'ai voulu mieux comprendre ce qui se passait et je me suis rendu à une autre bibliothèque que celle de ma ville qui était en mode "nos ancêtres les gaulois". C'était l'Institut du Monde Arabe. Là-bas, je découvrais l'Histoire de la Tunisie, donc du Maghreb, donc du Monde Arabe, donc du monde musulman, donc de l'Islam. Je m'amuse à dire que je suis alors passé de l'Islam zmigri qui consistait à ne pas manger de porc, ne pas boire d'alcool et changer de chaines quand il y a "Alerte à Malibu", à l'Islam du texte. Dès lors et jusque ma deuxième année à la fac, ma vie était réduite aux études, à la prière et quelques sorties en mode sandwich grec à St Michel puis monter, descendre et remonter les Champs Elysées en prenant soin de parler suffisamment fort pour déranger les gens et boiter en marchant, bien évidemment.

L’Institut du Monde Arabe m'offrait un accès gratuit à la Culture mais me garantissait, surtout, en même temps, un accès à une culture mondiale, à notre humanité. Là-bas, au sein de ce magnifique bâtiment dessiné par Jean Nouvel, je découvrais enfin mes origines, j'avais enfin une identité. Je n'étais plus le gars perdu, le cul entre deux chaises, coincé entre deux cultures. Surtout, je ne me sentais plus obligé de rejeter la culture du pays dans lequel je grandissais parce que je devais rester fidèle à ma culture d'origine, qui m'était pourtant inconnue.

Dès lors que je savais d'où je venais, que je savais qui j'étais, j'étais enfin prêt à accueillir dans mon existence ma double culture, arabe et française. Quand on sait d'où on vient, on ne craint plus de s'intégrer où on est. En y repensant, je me dis que mon rejet de la culture française était dû à ce que je faisais passer pour la défense de ma culture d'origine et qui finalement n'était qu'un ridicule maquillage de mon ignorance de la religion dont je me prétendais, du peuple dont j'étais issu, du pays d'où je venais.

Je suis ensuite passé de l'Institut du Monde Arabe au Centre Pompidou avec toujours l'envie d'en savoir plus sur la Tunisie, la France, le Monde. Je ne suis pas une encyclopédie vivante, loin de là, mais ce que la Culture m'a donné comme connaissance m'a permis de m'intégrer et avoir même des situations confortables et des responsabilités partout où j'ai vécu. Que ce soit en France, au Canada ou désormais de retour sur ma terre natale, en Tunisie.

Est-ce que la Culture est la solution miracle pour éloigner les jeunes du conservatisme, les conservateurs de l’extrémisme, les extrémistes du terrorisme, certainement pas. Parce qu'aucune culture, aucun peuple, aucune religion n'a de solution miracle. Il y a en revanche une solution, entre autres, qui permet de réduire les risques de passer du mauvais coté, celui de l'intolérance et la violence. La Culture permet de se situer dans l'Histoire, dans le monde, dans le pays où on vit et c'est peut-être cela la solution. Mieux se connaitre pour mieux comprendre les autres.

Je ne crois pas, ou plutôt je n'espère pas, si je n'avais pas été un jour à l'Institut du Monde Arabe que je serais passé du côté de ceux qui font couler le sang de ceux qui font couler de l'encre. En revanche peut être que si je n'avais pas eu accès à la Culture j' aurais participé au déclin humain auquel nous assistons.

Je laisse, pour réfléchir, à ceux qui ne croient toujours pas que la Culture peut nous prémunir de la violence des extrémistes et de l'intolérance des xénophobes un des plus beaux vers, d'un des grands poèmes de Victor Hugo, "A qui la faute"

Le livre en ta pensée entre, il défait en elle
Les liens que l'erreur à la vérité mêle,
Car toute conscience est un nœud gordien.
Il est ton médecin, ton guide, ton gardien.
Ta haine, il la guérit ; ta démence, il te l'ôte.

Pierre Verhas

Source: http://uranopole.over-blog.com/2020/10/imaginez-vous-un-prof-decapite.html