À quelques jours d’intervalle, paraissait sur Youtube le film « Hold Up » sensé nous dévoiler les dessous de la crise sanitaire et était annoncée l’arrivée d’un vaccin émanant de l’entreprise transnationale pharmaceutique Pfizer associée pour l’occasion au laboratoire allemand Bio NTech. Ces deux événements ne sont évidemment pas liés, mais ils sont révélateurs de la nature de la crise sanitaire mondiale provoquée par le coronavirus dit Covid 19.
« Hold Up » est le symptôme d’une maladie aussi virale que celle du Covid.
« Hold Up » n’est pas seulement un film « complotiste » comme le dénoncent les médias mainstream et les milieux officiels. Il est le symptôme d'une maladie aussi virale que celle du Covid 19 : la défiance. Le peuple n’a plus aucune confiance en ses dirigeants et encore moins envers les élites. Pour une raison très simple : la société qu’ils construisent par la destruction de l’ancienne ne lui convient pas. Nous n’arrêtons pas dans ces colonnes de dénoncer l’ultralibéralisme et ses nuisances avec notamment l’élimination de tous les mécanismes de solidarité menant ainsi à l’atomisation. Ce n’est pas le triomphe de l’individualisme, c’est l’isolement de toutes et de tous avec en corollaire la surveillance généralisée. Les lois liberticides qui se mettent en place, notamment en France, mais aussi un peu partout en Europe démontrent que le pouvoir a peur et ne répond que par la violence.
Le logo d'Hold Up. Un documentaire décousu, ultra complotiste, mais où certaines bonnes questions sont posées.
En plus, le complotisme style « Hold Up » est un des meilleurs serviteurs du pouvoir. Son mécanisme permet ainsi d’écarter toute analyse critique même étayée d’autant plus que le pouvoir impose des dogmes ne souffrant aucun doute et aucune objection. Ainsi, il ouvre la voie à ce qu’il appelle le complotisme qui, comme avec « Hold Up », est un salmigondis de faits réels, de contrevérités et d’hypothèses démentielles. Son objectif est en créant la confusion d’attiser la défiance et de permettre ainsi au pouvoir de réagir avec violence.
« Hold Up » ? On préférerait regarder « Capitaine Marleau » !
Analysons « Hold Up », ce « documentaire » de 2 h 38 min. Il faut avoir du temps et du courage pour se le farcir ! On préférerait regarder « Capitaine Marleau », c’est plus court, plus amusant et plein d’enseignements ! « Hold Up » a l’avantage – laissons-lui au moins cela – de poser des questions auxquelles le pouvoir ne répond pas. C’est la clé de son succès. Des questions entre autres sur la nature et les origines du coronavirus et sur la validité du traitement. Oui, c’est intéressant, mais alors pourquoi comparer avec la mise en place de la 5G ? Bien malin, celui qui expliquera le rapport entre les deux ! Et puis, on ne l’attendait plus celui-là. Le complot mondial intervient avec Attali, Bill Gates et même Rockefeller qui est décédé ! Attali qui se vante de « faire » les présidents de la République française et même de prédire qui sera la présidente qui succèdera à Macron. Bon, on connaît le personnage habitué à ses provocations médiatiques ! Mais, ici encore, rien à voir avec le Covid ! Bill Gates place une partie substantielle de son immense fortune dans les transnationales pharmaceutiques – ce qui est vrai ! Il suffit de lire la presse financière – afin entre autres de produire le vaccin miracle. Mais – et là cela devient délirant ! – il souhaiterait que l’on injecte dans le vaccin des nanoparticules qui auront pour effet de pouvoir espionner les millions de personnes ayant inoculé ledit vaccin !
Bill Gates investit dans l'industrie pharmaceutique pour éliminer les virus, alors qu'il ne parvient pas à les éradiquer dans son système Microsoft...
La structure de « Hold Up » est une suite d’interviews de personnages de toutes sortes qui vont du grand scientifique en passant par un ancien ministre de la Santé Philippe Douste Blazy, de médecins, de personnels soignants, de sociologues comme Monique Pinçon Charlot à des personnages douteux poursuivis ou déjà condamnés par les tribunaux. Ce curieux mélange donne le tournis au spectateur. Il faut noter que Douste Blazy et Monique Pinçon-Charlot se sont désolidarisés de cette production, considérant avoir été piégés. Un peu tard : on se renseigne avant de participer à ce genre d’entreprise !
L’effet ravageur des déclarations officielles
Enfin, comme il est écrit dans l’hebdomadaire « Marianne » du 20 septembre : « C’est d’ailleurs la limite de cette construction délirante : elle élimine de son champs l’élément essentiel, le rôle de la Chine, parce que cela ne rentre pas dans ce scénario qui voit l’Institut Pasteur créer un virus qui pourrait aussi être parti des Etats-Unis pour tuer des millions, voire des milliards de gens. C’est oublier le calendrier implacable qui veut que la Chine camoufle l’ampleur de l’épidémie jusqu’au 15 janvier 2020. (…) Pas un mot de cela dans Hold Up. »
L’auteure de l’article, Natacha Polony, fait une remarque aussi pertinente que frappante : « … ce documentaire n’existe que parce que certains points n’ont toujours pas reçu de réponse satisfaisante, et surtout que les pouvoirs publics ont menti. Il s’ouvre ainsi sur des déclarations gouvernementales sur les masques : ravageur. » Notons que si l’on avait rassemblé les déclarations des ministres de la Santé successifs en Belgique, on aurait un effet tout aussi ravageur ! L’ex-ministre Maggie De Block fut championne toute catégorie en la matière.
Maggie De Block, la ministre fédérale de la Santé de l'ancien gouvernement Michel s'est à plusieurs reprises fourré le doigt dans le nez ......
Le citoyen est réduit à l’état de sujet.
Mais l’ancienne professeur de lycée fait une observation essentielle : « Si tout ce qui questionne les dogmes dominants est qualifié de complotiste, on convainc une part croissante de citoyens que la vérité est ailleurs. » Ajoutons à cela le tweet du philosophe et sociologue Edgar Morin :
« Toute contestation d’une affirmation officielle ou d’une croyance répandue peut être désormais considérée comme « complotiste » »
Ici, c’est une question de liberté d’expression et/ou de liberté de critique. C’est un point fondamental mis en évidence lors de cette crise sanitaire. Les médias mainstream effectuent un matraquage systématique en répétant en boucle les mêmes informations et les mêmes instructions. S’il est nécessaire de rappeler les gestes dits barrières, il est déplorable d’infantiliser les gens. Le citoyen est réduit à l’état de sujet.Etienne Klein dans "Le goût du vrai" rappelle ce qu'est la rigueur scientifique seul remède à la folie irrationnelle et de pensée magique qui déferle aujourd'hui.
Un autre aspect a été mis en évidence par le philosophe des sciences Etienne Klein dans son « Tract » Gallimard intitulé « Le goût du vrai ». Il évoque plusieurs éléments. Tout d’abord, la question de la science que tout le monde invoque sans bien la connaître.
« … lorsqu’on évoque des « vérités de science », il convient d’être précis et prudent dans la façon de les énoncer. Faute de quoi, on ouvre grand la porte à ceux qui ne leur reconnaissent pas ce statut, les traitent par le dédain ou les contestent au nom de leur intuition. »
On observe ce type de comportement depuis longtemps et il est exacerbé par la crise sanitaire où tout le monde a un avis sur tout. Une fois de plus, cela est dû au matraquage des médias qui crée des angoisses irrationnelles chez bien des gens.
Il faut accepter de prendre le temps.
Etienne Klein dénonce un autre danger : « La pandémie du Covid-19 fut un moment particulièrement édifiant. Pendant quelques mois, nous avons vu se propager une forme très vivace de « populisme scientifique » (…). Les discours de ce type se caractérisent par la mise en avant de points de vue intuitifs ou purement subjectifs, à l’argumentation succincte et au ton péremptoire, sur toutes sortes de sujets pourtant fort complexes, en l’occurrence la pharmacologie, la virologie, l’épidémiologie ou la statistique. »
Autrement dit, on parle de ce que l’on ne connaît pas, entre autres de la polémique sur le fameux hydroxychloroquine sur lequel, des avis tranchés ont été émis de toutes parts. Comme dit Klein, son efficacité faisait déjà débat. « La recherche demande du temps ! » C’est profondément vrai ; cependant, il ne faut pas exclure du débat les conflits d’intérêts dans le monde médical et prendre en compte le poids du lobby pharmaceutique. À partir du moment où l’on mélange science, politique et business, il est fatal que se déclenche une polémique malsaine. Il faut bien avouer que cela a débuté par les outrances et même les âneries du Dr Raoult – même s’il proféra certaines vérités. Et comme dit Natacha Polony, « … l’unique résultat est qu’on ne saura jamais, à partir d’une étude menée correctement si l’hydroxychloroquine associée à l’azithromycine en début de maladie permet de limiter les effets du Covid-19. » Cependant, si on veut arriver à un résultat, il faut impérativement accepter de prendre le temps nécessaire à effectuer des études scientifiques sérieuses et indépendantes de la politique et des lobbies.
Le vaccin en priorité ?
Une polémique similaire va-t-elle se dérouler avec l’annonce soudaine d’un vaccin pour le tout début 2021 ? On peut le penser et cela va encore faire perdre du temps, alors qu’il faut prendre le temps nécessaire à la recherche et à mettre en œuvre un programme de tests et de quarantaine efficace !
Sur le plan de son efficacité annoncée, plusieurs hommes et femmes de science expriment leur scepticisme. Ainsi, le professeur Herman Goossens microbiologiste à l’Université d’Anvers et coordinateur de la plateforme européenne sur les pandémies prône dans une longue interview au « Soir » du 21 septembre, une politique globale d’investissement dans une plateforme de tests rapides et aussi dans le contact tracing et la quarantaine. Il avertit : « … on ne maîtrise pas une épidémie uniquement en faisant des tests. Il faut ensuite tracer puis isoler les gens. » Et cette quarantaine doit s’accompagner de compensations financières surtout pour les personnes isolées et les plus précarisées. « Tester, ce n’est que la première étape ! Si on ne prend pas de mesures pour soutenir les gens seuls, offrir des compensations financières aux gens qui ont des salaires très bas, car c’est évidemment eux qui vont souffrir le plus, ça ne marchera jamais ! »
Le professeur Herman Goossens, éminent microbiologiste de l'Université d'Anvers, rappelle les fondamentaux en matière de pandémie.
Quant au vaccin : « Il reste pas mal d’inconnues autour de ce vaccin, comme la durée de son immunité, son impact sur les personnes âgées, les éventuels effets secondaires. Supposons que le vaccin soit in fine moins efficace que prévu, et qu’on n’ait pas investi dans la plateforme sous prétexte qu’il serait bientôt là… Vous viendrez alors nous dire : pourquoi n’avez-vous pas investi dans les labos ? A l’inverse, si le vaccin fonctionne très bien et que dans six mois on peut réorganiser des festivals, vous nous demanderez si on a été fous d’investir autant d’argent dans ces labos. Oui, quoi qu’on fasse, ce ne sera jamais bon. »
Le professeur Goossens met en évidence le désarroi des décideurs politiques, financiers, économiques et même scientifiques devant cette pandémie. Et n’oublions pas un autre aspect : la politique ultralibérale à la fois européenne et nationale de désinvestissement massif dans le domaine de la Santé publique et notamment par la fermeture de plusieurs dizaines de milliers de lits d’hôpitaux accompagnée de la suppression d’un nombre considérable d’emplois de personnels soignants et non soignants est une cause majeure de l'aggravation d’une pandémie qui, en définitive, touche relativement peu d’individus par rapport à l’ensemble de la population ! Qu’en serait-il d’une épidémie qui atteindrait une proportion importante de ladite population ?
Aujourd’hui que le vaccin est commandé par plusieurs gouvernements dont celui de la Belgique, que va-t-il se passer ? Le gouvernement belge a choisi celui de Pfizer-BioN’Tech. Cela implique au départ un investissement logistique considérable d’autant plus que la volonté est de vacciner plusieurs millions de personnes gratuitement. En effet, il faudra trouver des machines réfrigérantes jusqu’à -70°C, ce qui est pratiquement du jamais vu, du moins en une telle ampleur. Il faudra en plus élaborer toutes les procédures de transport de ce précieux vaccin vers les hôpitaux et les cabinets médicaux qui pourront l’inoculer aux patients qui le désireront.
Sans attendre la fin des essais cliniques !
Et il n’y a pas que le coût de la logistique, il y a aussi celui du vaccin proprement dit et là, on grimpe jusqu’aux cimes ! D’après le « Canard enchaîné » du mercredi 18 novembre, l’Union européenne a payé un acompte 2,15 milliards d’euros pour financer les contrats pour 1 milliard de doses du vaccin. « Avec ce paquet d’oseille, les labos ont investi dans des chaînes de production sans attendre la fin des essais cliniques. » !
Ajoutons que ces 2,15 milliards de droits ne seront pas déduits du prix de commande. La Commission européenne « espère que cette aide à la production nous permettra d’obtenir un meilleur prix sur les vaccins. » On peut toujours rêver !
Les Etats-membres devront passer à la caisse. « Pour les trois ou quatre contrats déjà conclus avec Astra-Zeneca, Pfizer, Janssen et GSK-Sanofi, ils devront payer toutes les doses réservées à partir du moment où l’Agence européenne des médicaments aura attribué une autorisation de mise sur le marché. »
Et le Palmipède de poser la question dans son style inimitable :
« La Commission européenne le martèle en jouant sur les mots : en cas de « défauts », le labo devra raquer.
Autrement dit, si un fabricant a mis de la poudre de perlimpinpin dans son vaccin, il devra payer les dégâts. Mais le risque est faible… La secrétaire d’Etat (française) Agnès Panier-Runacher l’a reconnu, le 16 novembre sur France-Info : « Il y a un cas d’exonération, c’est quand l’état des connaissances scientifiques et technologiques n’a pas permis de déceler la difficulté ».
En clair si un labo établit qu’il ne pouvait pas prévoir l’effet secondaire avant la mise sur le marché, il n’aura pas à indemniser les éventuelles victimes : la facture reviendra aux Etats-membres… »
L’impératif de santé publique est donc largement supplanté par les intérêts financiers. Un tel contrat léonin entre la Commission et les labos pourrait relever de l’escroquerie pure et simple ! Au prix sans doute d’un nombre considérable de victimes.
Enfin, une chose est établie en cette affaire : il n’y a pas de « grand complot », mais il y a assurément du big business !
Pierre Verhas
Source: http://uranopole.over-blog.com/2020/11/covid-grand-complot-ou-big-business.html