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20 août 2022

L’extinction des Lumières

L’offensive contre les Lumières est lancée depuis quelques décennies et vient de prendre une nouvelle et dangereuse tournure.

À commencer par l’attentat ce 12 août 2022 dans l’Etat de New York blessant grièvement l’écrivain anglo-indien Salman Rushdie condamné par une « fatwa » de feu l’ayatollah Khomeiny, alors dictateur religieux de l’Iran, en 1989.

Condamné pour un roman ! Condamné pour avoir critiqué et raillé la religion musulmane ! Condamné pour sa libre expression ! L’exécuteur des basses œuvres est un jeune fanatique (on dit en novlange « radicalisé ») qui a exécuté la sentence. Heureusement, il n’a pas réussi son coup. Néanmoins, gravement blessé, on ignore encore si l’écrivain âgé de 75 ans pourra reprendre ses activités.

Le professeur Jean-Philippe Schreiber dans un texte admirable paru ce 16 août dans sa chronique sur Facebook écrit : « … la question qui me préoccupe est plus essentielle encore que sa personne : elle réside dans le fait que pour certains, imbus de leur pauvre et lamentable idée de la pureté, c’est la littérature tout court qui devrait ainsi mourir assassinée sur une scène de l’État de New York. Leur obsession : tuer le verbe qui n’est pas Le Verbe, pire, tuer le verbe qui ose défier Le Verbe, l’unique à leurs yeux. »

Oui ! Cette abominable quête de la pureté moteur des pires exactions est un fléau très ancien qui renaît de ses cendres en notre époque troublée.

La seconde victime du moment est… Voltaire !

La statue d’un des pères des Lumières trônait depuis 1962 square Honoré Champion dans le 6e arrondissement de Paris tout près de l’Académie française dont il fut membre. Dans le cadre de la campagne « wokiste » pour effacer toute trace de l’ère coloniale, elle fut taguée en même temps que celle de Colbert au Palais Bourbon. La sculpture de Voltaire a été déplacée en août 2020 pour être restaurée. Depuis, elle n’a pas été réinstallée à son endroit initial. Reste le socle gravé au nom de Voltaire. La secrétaire perpétuelle de l’Académie français, Madame Hélène Carrère d’Encausse s’en est inquiétée. La maire de Paris, Anne Hidalgo, tergiverse. Manifestement, elle n’a pas l’intention de replacer cette œuvre à sa place initiale. Elle envisage de la placer près de la Faculté de médecine où cette statue serait protégée par une grille.

Pour la secrétaire perpétuelle, cela n’a aucun sens. Voltaire était membre de l’Académie et le sculpteur était membre de l’Académie des Beaux-Arts. Les prétextes techniques avancés par la mairie de Paris cachent mal la véritable motivation de cacher Voltaire : la peur des wokistes qui pourraient détruire cette statue. Dans la foulée, une autre grande personnalité historique est aussi menacée, Montesquieu dont on veut aussi déplacer la statue qui, elle, a été décapitée.

Deux des principaux pères fondateurs des Lumières sont donc menacés par effigies interposées. Derrière le « décolonialisme », ce sont justement les Lumières qui sont visées ! Cette volonté de déboulonner des statues de personnages historiques traduit une fois de plus une offensive contre la pensée libre et pour la pureté qui est le contraire de l’esprit des Lumières qui est universel : il faut effacer toute trace des crimes abominables de la colonisation. Fort souvent, je cite cette sentence de George Orwell : « Celui qui contrôle le présent, contrôle le passé, celui qui contrôle le passé, contrôle l’avenir. »

Qu’est-ce à dire ? Certes, sur le plan moral, la colonisation fut une abomination. Cependant, dans l’histoire de l’humanité, elle a toujours existé. Que ce soit en Afrique, entre Africains, en Asie entre différents peuples, que ce soit dans les Amériques et aussi en Europe. L’actuelle guerre d’Ukraine a pour origine la colonisation de l’Ukraine au XVIIIe siècle par la Russie de Catherine II. Faut-il alors pour éradiquer le passé, effacer la mémoire de la colonisation ?

Effacer la mémoire est une caractéristique des totalitarismes modernes. L’islamisme, lui, a une démarche différente mais tout aussi dangereuse : il fige le passé. Les deux démarches génèrent des crimes et la régression. Le pire est : nos démocraties « libérales » se montrent incapables à combattre ces phénomènes qui se répandent comme une traînée de poudre parce qu’elles ont peur.

Dans le refus évident de remettre la statue de Voltaire sur son socle dans les jardins de l’Académie, on sent bien la peur chez Anne Hidalgo, la peur de se mettre à dos les partisans prétendument « de gauche » du dogmatisme wokiste. D’autre part, les réactions des autorités nationales et internationales occidentales à la tentative d’assassinat de Salman Rushdie sont d’une mollesse inacceptable parce qu’elles se transforment en véritable incitation au meurtre.

Réagir durement n’est pas nécessairement user des armes ou jeter des bombes, c’est avant tout être ferme sur les fondamentaux. Nous ne sommes pas sans moyens puisque nous en avons pour livrer des armes modernes et sophistiquées à un des belligérants de la guerre d’Ukraine. Aussi, nous avons les moyens de rappeler nos fondamentaux aussi bien sur le plan intérieur qu’extérieur.

Dès lors, qu’attend-on ? Où est le blocage ? Il est dans la peur, cette peur paralysante tout simplement.

Pierre Verhas

Bron: https://uranopole.over-blog.com/2022/08/l-extinction-des-lumieres.html