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Assange Rushdie même combat

À la veille de la rentrée, on ne parle plus beaucoup de Julian Assange. Pourtant, c’est dans le courant du mois de septembre que la Haute Cour va statuer sur son appel. On parle aussi beaucoup de Salman Rushdie victime d’un attentat que la plupart considérait comme impossible.

Qu’y a-t-il de commun entre ces deux hommes ? Ils sont tous les deux traqués. Le premier par les néoconservateurs étatsuniens, le second par les sbires de l’islamisme radical. Ils sont tous les deux traqués pour avoir usé de la liberté d’expression. L’un en révélant des crimes de guerre commis en Afghanistan et en Irak par la plus grande puissance mondiale en usant avec l’aide d’un jeune lanceur d’alerte devenu une, Chelsea Manning, d’une nouvelle forme d’investigation par l’informatique qu’il maîtrise avec brio. L’autre parce que dans un roman, il a réveillé une ancienne polémique religieuse de l’Islam qui au XIXe siècle et dans la première moitié du XXe fit l’objet de nombreuses exégèses de savants européens comme musulmans sans aucune menace de censure ou d’attentats. Pour les fanatiques de l’Islam aujourd’hui, il en est tout autre : il est interdit de réveiller cette controverse qui souille la pureté de leur religion, autrement dit le dogme religieux ne souffre aucune critique.

La différence entre Assange et Rushdie

La différence entre Assange et Rushdie se trouve parmi ceux qui les soutiennent. L’écrivain anglo-indien est assuré de l’appui de l’establishment occidental. Ainsi, comme le rappelle le journaliste Jonathan Cook, à la suite de l’attentat du 12 août à l’ouest de New York : « Le Premier ministre britannique Boris Johnson s'est dit "consterné que Sir Salman Rushdie ait été poignardé alors qu'il exerçait un droit que nous ne devrions jamais cesser de défendre". Son chancelier, Rishi Sunak, l'un des deux derniers prétendants à la couronne de Johnson, était d'accord, estimant que le romancier est "un champion de la liberté d'expression et de la liberté artistique".

Outre-Atlantique, le président Joe Biden a souligné les qualités de Rushdie : « La vérité. Courage. Résilience. La capacité de partager des idées sans peur… Nous réaffirmons notre attachement à ces valeurs profondément américaines en solidarité avec Rushdie et tous ceux qui défendent la liberté d'expression. »

La vérité est que la grande majorité de ceux qui prétendent qu'il s'agit d'une attaque non seulement contre un écrivain de premier plan, mais aussi contre la société occidentale et ses libertés, ont disparu au cours des dernières années alors que la plus grande menace à ces libertés se déployait. Ou, dans le cas des chefs de gouvernement occidentaux, ils ont activement conspiré pour saper ces libertés. »

Ce sont d’ailleurs ces mêmes personnages qui, s’apitoyant sur le sort de Salman Rushdie, traquent Julian Assange en violation des principes fondamentaux des Droits humains et de la Justice. En définitive, les deux affaires s’inscrivent dans un contexte géopolitique.

Tout d’abord, elles montrent la puissance colossale des néoconservateurs étatsuniens qui arrivent à imposer leur loi dans des pays étrangers. Ainsi, la Justice britannique a cédé à la pression US dans l’affaire Assange.

On peut aussi se poser une question – qui est une pure hypothèse – au sujet du sort de Salman Rushdie. Si la fatwa condamnant l’écrivain anglo-indien émanait d’une des monarchies pétrolières de la Péninsule arabique et non d’Iran, les USA et la Grande Bretagne auraient-ils réagi avec la même fermeté pour le défendre et le protéger ?

Ainsi, l’hypothèse a été émise que la tentative d’assassinat contre Rushdie aurait été téléguidée par le Mossad dans le but de torpiller l’éventualité d’un accord sur le nucléaire entre les USA et l’Iran. On sait que les Israéliens sont violemment opposés à tout accord en la matière. Cette possibilité n’a pas été émise dans site « complotiste » mais par le très sérieux quotidien israélien le « Jerusalem Post ». L’Iran est l’ennemi juré des néoconservateurs étant proche de la Russie, tandis que les monarchies pétrolières sont cajolées dont particulièrement celle d’Arabie Saoudite alors qu’il est démontré que le prince héritier d’Arabie Saoudite, le fameux MBS, est un assassin.

Julian Assange a commis un sacrilège...

Julian Assange, lui, a commis un sacrilège en révélant les documents secrets sur les guerres d’Afghanistan et d’Irak. Pour l’establishment néoconservateur, cet acte en définitive journalistique est impardonnable.

La procédure judiciaire britannique en est actuellement à sa quatrième année, quatre années au cours desquelles Assange a été incarcéré dans la prison à sécurité maximale de Belmarsh à Londres. Pendant la grande majorité de cette période, il a été détenu en détention provisoire, sans avoir été reconnu coupable d'un crime en Grande-Bretagne.

Les audiences depuis janvier de l'année dernière se sont essentiellement concentrées sur la santé d'Assange. Les tribunaux anglais refusant un débat sur le fond ! La réalité de sa détérioration physique et psychologique, résultant de plus d'une décennie de persécution, a été balayée par les procureurs de la Justice britannique, malgré les avertissements de nombre de médecins craignant qu’Assange ne meure derrière les barreaux en plus de l’avis de la juge du tribunal de première instance qui a estimé que l'extradition constiterait un risque mortel pour l’accusé.

En définitive, Rushdie et Assange font l’objet chacun d’une fatwa qui ne sera jamais abrogée ou prescrite : le premier pour avoir rappelé avec humour des divergences qui apparaissaient dans le texte sacré du Coran, le second pour avoir, par la diffusion de documents irréfutables, percé les secrets de l’armée étatsunienne et avoir montré ses crimes de guerre. Comme l’écrit Jonathan Cook : « Le droit à la vie de Rushdie a été menacé par des religieux et des gouvernements éloignés pour avoir remis en question la base morale de leur pouvoir. Le droit à la vie d'Assange est menacé par les gouvernements occidentaux parce qu'il a remis en question le fondement moral de leur pouvoir. »

Or, l’enjeu dans l’affaire Assange est la liberté de la presse, donc, la liberté d’expression, donc la démocratie, tout simplement. L’enjeu dans l’affaire Rushdie est la liberté de critique de la religion ou de tout autre conviction philosophique, donc la liberté d’expression, donc la démocratie, tout simplement.

On le voit. La démocratie, du moins ce qu’il en reste, est aux soins palliatifs.

Alors, quoi ? La lutte continue, tout simplement…

Pierre Verhas

 

Bron: http://uranopole.over-blog.com