On pleure dans les chaumières de « l’Occident » la disparition de Vaclav Havel que l’on présente comme un champion de la liberté et de la démocratie dans les pays de l’Est. Il fut, bien entendu, un « Européen convaincu » et un partisan acharné de l’économie libérale.
Vaclav Havel : néo-libéral et "Européen convaincu"
S’il fut incontestablement un dissident ferme et courageux à l’époque de la reprise en main de la Tchécoslovaquie par l’URSS, Vaclav Havel était un partisan acharné de l’ultralibéralisme. Il disait que tant que tout n’avait été privatisé, l’on n’était pas débarrassé du communisme… L’ancien président de la Tchécoslovaquie affichait un mépris total de la démocratie où il y décelait « le culte de l’objectivité et de la moyenne statistique » et fustigeait cette idée que l’on puisse réaliser des efforts sociaux rationnels et collectifs pour résoudre la crise environnementale.
Havel alliait un réel fanatisme néolibéral à une très forte dévotion religieuse : il appelait de ses vœux l’émergence d’une nouvelle race de dirigeants politiques qui s’appuieraient moins sur « une pensée rationnelle, cognitive », démontreraient « de l’humilité face à l’ordre mystérieux de l’Être » et « croiraient en leur propre subjectivité comme principal lien les unissant à la subjectivité du monde ».
Comme président de la république tchécoslovaque, puis tchèque, il a demandé un effort afin de sauver la famille chrétienne dans la nation chrétienne tchèque. Se présentant comme un homme de paix, et tout en prétendant qu’il ne vendrait jamais d’armes à des régimes oppressifs, il a vendu des armes à la Philippines et au régime fasciste en Thaïlande. En juin 1994, le Général Pinochet a été signalé en train d’acheter des armes en plein cœur de la République tchèque – sans qu’Havel ne nie les faits.
Comme bien des dirigeants ultralibéraux, Havel fit suspendre le parlement pour gouverner par décret, afin de mieux faire passer ses « réformes » libérales. Cette même année, il a ratifié une loi qui a fait de la défense du communisme un acte de trahison passible d’une peine de huit années d’emprisonnement.
Enfin, Vaclav Havel fit voter une loi criminalisant la diffusion de la haine nationale, religieuse et de classe. En effet, les critiques des grands intérêts financiers étaient désormais illégales, assimilées de façon injustifiable avec la bigoterie religieuse ou ethnique. Le gouvernement d’Havel a mis en garde les syndicats contre toute implication en politique.
Alors, Vaclav Havel, un champion de la démocratie ? Il convient de mettre plus que des nuances…
Cet article est basé sur un commentaire paru sur le site "Le Grand Soir.info"
Pierre Verhas
Article publié précédemment sur le blog “Osons le Socialisme”
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