Plus que le dernier manifeste indépendantiste de Geert Bourgeois, c’est l’attaque frontale de la NVA contre le monde syndical et le pilier social chrétien en Flandre qui doit être analysée, et dont il faut tirer les leçons.
Ce n’est pas par un soudain souci de pureté dans le domaine fiscal, qui serait bien étonnant de la part d’ultra libéraux, que le parti de De Wever s’en est pris à l’ACW, dont les montages financiers avec Belfius, nouvelle péripétie dans la saga du sinistre total appelé Dexia, relèvent en somme de la bonne gestion de type capitaliste. Pourquoi le mouvement ouvrier chrétien flamand n’aurait-il pas le souci de faire fructifier son argent ? Est-il scandaleux que les déposants d’Arco soient protégés comme des coopérateurs et des épargnants, et non considérés comme des actionnaires ?
De Wever savait très bien qu’en parlant « argent », on traduirait par « scandale » dans la masse de l’opinion. « Het Laatste Nieuws » fait état d’un sondage selon lequel le CD&V descendrait encore de deux points dans les intentions de vote.
Bart De Wever aurait donc réussi son coup, mais on s’étonne que la presse francophone, quelque peu au balcon dans cette affaire, n’ait pas reconnu que toute cette opération vise d’abord le monde syndical comme tel, chrétien comme socialiste. N’est-ce pas un trait dominant du fascisme que de vouloir détruire les syndicats ? Des fascistes, il y en a beaucoup parmi les électeurs de la NVA, transfuges du Vlaams Belang, et le leader populiste (dans le mauvais sens du mot), nationaliste et hyper –libéral, est amené par voie de conséquence à radicaliser ses attitudes et à se tourner toujours davantage vers l’extrême droite.
Les masques tombent ? Certes. Ils tombent tout à fait lorsque « Le Vif L’Express » titre en première page « Et si Bart De Wever avait raison ? ». Et d’aligner en sous- titre, on cite de mémoire, les pensions, l’index, la législation du travail…
La NVA pratique le jeu de billard, avec des effets de ricochet. Elle joue sur deux bandes : en Flandre, arracher le maximum d’autonomie, pour y imposer le programme du patronat. Au niveau de la Belgique, envoyer le PS dans les cordes, et rechercher le MR comme partenaire naturel, entreprise pas trop difficile au bout d’un petit délai de crise à la belge, et bien entendu au nom de la « démocratie ».
Tel est le véritable enjeu de 2014, et non son aspect purement communautaire. La médiacratie abonde dans le sens libéral. « Le Vif L’Express » se demande donc si De Wever n’a pas raison. « Le Soir » titre récemment que l’indexation profite surtout aux « riches », ce qui va dans le sens d’une grande idée libérale : subordonner les allocations sociales à des conditions de ressources, alors que c’est la forte progressivité de l’impôt qui justifie le caractère universel de la Sécurité Sociale. Quant au « Monde », en France, passé sous la coupe d’un trio de milliardaires, il a perdu toute indépendance de pensée dans le domaine économique et financier.
Face à une gauche sans perspectives, à la remorque de l’euro - libéralisme, les mouvements populistes de droite, nationalistes xénophobes ou carrément fascistes ont un boulevard devant eux en Europe !
Robert Falony.
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