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La victoire « historique » de la chancelière Merkel, celle d’une personnalité qui incarne le nationalisme allemand de notre époque, est une très mauvaise nouvelle pour tous ceux qui s’efforçaient de nous faire croire à la possibilité d’une autre Europe, plus sociale, plus solidaire, moins adepte de la « rigueur » budgétaire et plus soucieuse de justice sociale et de redressement économique. Elle marque le triomphe de l’égoïsme national allemand sur la solidarité européenne. Seule fiche de consolation: la déconfiture du parti libéral, qui ne passe pas la barre de la représentation au Bundestag. 

Et ce résultat est la démonstration, c.q.f.d., de ce qu’expliquent de si nombreux économistes : la « réussite » allemande, avec l’euro comme bouclier protecteur, a nécessairement pour corollaire la faiblesse des autres économies, singulièrement dans l’Europe du sud. Il n’y a pas de gagnants sans perdants. La plus belle illustration de la non Europe…

Le corollaire est aussi que « les autres » sont priés de retrouver leur « compétitivité » par les réformes chères aux libéraux de tout poil : blocages et baisses salariales, possibilité de licencier à tout va (la « flexibilité »), traitement du chômage de masse par le travail à vil prix, comme précisément en Allemagne.

Sur le plan institutionnel, Angela Merkel continuera de privilégier la négociation intergouvernementale, quitte à contourner la Commission européenne, trop supranationale à ses yeux. Allemagne d’abord.

Le SPD a raté le coche.

Peer Steinbrück était bien le dernier candidat chancelier à avoir une chance de battre Merkel. Totalement associé à la politique anti-sociale de l’ère Schröder, homme de finance lui-même et fort porté sur l’arrogance, sa seule arme a été la défense du salaire minimum.

C’est un sujet sur lequel la chancelière pourrait faire de petites concessions si elle a besoin du SPD, puisqu’elle rate de justesse la majorité absolue. Mais le rapport des forces parlementaires est si défavorable aux sociaux- démocrates qu’ils compteront pour du beurre, ou peu s’en faut, dans une éventuelle coalition… Notons que Mme Merkel n’a pas le contrôle du Bundesrat, la seconde Chambre des régions. Un vif débat va agiter la grande formation vaincue, mais la seule voie de gauche pour le SPD est celle d’un front commun avec les écologistes et « Die Linke », pour préparer l’avenir… Que la gauche laisse Merkel gouverner seule, selon la formule du soutien conditionnel et critique !

L’histoire tragique du parti social-démocrate…

De façon significative, la social-démocratie allemande a célébré cette année les 150 ans de son existence… en se référant à ce qui était en juin 1863 l’Association des travailleurs allemands, un parti ouvrier certes, mais celui de Ferdinand Lassalle, chef charismatique. Les marxisants, eux, formèrent le groupe dit d’Eisenach. La fusion des deux courants eut lieu avec le congrès de Gotha (1875).

L’année prochaine, le SPD sera confronté à son histoire tragique avec le centenaire de la guerre de 14-18. Trahissant l’action internationaliste, la social-démocratie allemande se rallia d’emblée à la guerre impérialiste sous le drapeau de Guillaume II. En 1919, alliée aux chefs militaires, elle écrasa le mouvement spartakiste, ouvrant ainsi la voie à ceux qui allaient abattre la République de Weimar, Hindenburg et Hitler.

En 2014, on va sans doute nous jouer la comédie de la « réconciliation entre les peuples » ?

Robert Falony

Publié précédemment sur le Blog «Osons le Socialisme » dans la rubrique « Lettre socialiste » , numéro 47. Septembre 2013.

Retrouvez cette lettre, avec d’autres textes, sur le site http://osons.le.socialisme.over-blog.com