En Allemagne, le SPD va s’engager dans une collaboration gouvernementale avec la puissante chancelière Merkel, sur base d’un programme social a minima. En Grande Bretagne, le Labour de Miliband est illisible, cantonné dans son opposition respectueuse. En France, l’expérience Hollande devait nécessairement décevoir, la courbe du chômage ne s’inverse pas, mais il est permis de distinguer entre un Montebourg et un Moscovici. Dans les pays d’Europe du sud, la social-démocratie est comme assommée par l’ampleur de la « crise ».
En Belgique, il est de bonne guerre électorale que le Premier ministre affiche un optimisme de circonstance, mais il est aussi le premier à savoir que la zone euro reste menacée, que le risque d’une crise bancaire subsiste, et qu’une « reprise » rachitique d’un pour cent ou moins n’est pas la fin de la « crise » déclenchée en 2008. Pour le démentir, chaque jour offre l’annonce de nouvelles suppressions d’emplois, en Belgique où à l’étranger le plus proche.
Mais le boulevard de l’Empereur a avalisé les exigences budgétaires de « l’Europe », le PS semble même incapable de fournir une analyse en profondeur de la « crise », qui est systémique et non conjoncturelle. S’en tenir à des généralités sur la responsabilité des banques (en étant dans l’incapacité de séparer radicalement banques d’affaires et de dépôts) ne suffit vraiment pas… Or, sans une telle analyse des contradictions du capitalisme, de plus en plus insoutenables, il est vain d’espérer reconquérir l’opinion, toujours plus désorientée, détachée du monde politique, apathique et blasée… Les structures du PS n’offrent que des débats émiettés, en dépit d’une inquiétude réelle à la base.
Et ceci nous amène aux élections. Discours officiel : les élections européennes de mai 2014 sont capitales. Mais en pratique, elles sont secondaires comme d’habitude : tous les « faiseurs de voix » sont promis aux listes de la Chambre…
Face aux élections…
Nous n’avons jamais été de ceux qui, dans un esprit post-1968, proclamaient : « Elections, piège à cons ». Mais il ne faut pas non plus tomber dans le genre d’électoralisme qui, dans la gauche radicale, fait prendre le gain d’un pour cent de voix pour une immense victoire d’un prolétariat rêvé. Les conditions qui ont permis le relatif essor de « Die Linke » en Allemagne et du Front de gauche en France font singulièrement défaut en Belgique, et même ces deux formations souffrent d’un manque d’homogénéité.
Il n’y a chez nous ni un Mélenchon, ni un Lafontaine. A gauche du PS, seul le PTB semble avoir la capacité de rafler un siège de député fédéral, voire deux, mais cela ne modifiera pas le rapport des forces global entre les couches sociales en présence. Et ce qui nous sépare du PTB est sa filiation stalinienne non reniée, et l’opacité de son fonctionnement interne. Quant au MG, où l’on évoquait déjà des dissensions internes, le drame d’Ostende n’est pas fait pour l’aider. Mais le vrai problème de la gauche radicale n’est-il pas la sorte d’esprit de boutique qui s’y manifeste souvent ?
Nuire électoralement au PS n’est pas un but en soi, alors que tout un monde patronal rêve d’un gouvernement axé sur la NVA et le MR, pour en finir avec l’indexation et renforcer la compétitivité par la déflation salariale, sur le mode espagnol. La stratégie de la NVA vise d’abord à bouter dehors toute la gauche. Rien ne peut plaire davantage aux libéraux.
Robert Falony – novembre 2013
Cet article, avec d’autres contributions, se retrouve sur le blog: http://osons.le.socialisme.over-blog.com